Le Devoir

Ottawa a sous-estimé son déficit de 8 milliards pour cette année et l’an prochain, estime le Directeur parlementa­ire du budget

- ÉRIC DESROSIERS

Ottawa a sous-estimé ses prochains déficits budgétaire­s et surestimé les revenus qui seront tirés du cannabis, estime le Directeur parlementa­ire du budget (DPB).

Le déficit du gouverneme­nt fédéral sera de 4 milliards de plus que prévu cette année, comme l’année prochaine, conclut l’équipe de Jean-Denis Fréchette dans une analyse dévoilée lundi. Plutôt que de 18,1 milliards, comme l’a annoncé dans son dernier budget le ministre des Finances, Bill Morneau, à la fin du mois de février, son déficit devrait s’élever à 22,1 milliards cette année et plutôt que de 17,5 milliards en 2019-2020, il devrait être de 21,4 milliards.

Cet écart sera principale­ment attribuabl­e à des taux d’intérêt sur la dette publique plus élevés que prévu, pour un coût supplément­aire total de 19,4 milliards d’ici cinq ans, prédit le DPB. L’améliorati­on des prestation­s pour enfants coûtera aussi 5 milliards de plus que prévu, alors que la facture totale de la bonificati­on des crédits d’impôt pour les travailleu­rs à faible revenu ne sera pas de 831 millions, mais de 1,84 milliard.

Les revenus du gouverneme­nt devraient aussi être plus élevés que ce qui était attendu, de seulement 500 millions cette année, mais d’environ 6 milliards dans cinq ans pour un total de 16,5 milliards. À la fin, la dette fédérale devrait s’être creusée de 33 milliards de plus que prévu, à l’horizon de 2023, à 737 milliards. Mais comme la croissance économique aura été plus forte encore, le poids relatif de la dette fédérale continuera de baisser comme promis, passant de l’équivalent de 30,4 % du produit intérieur brut (PIB) canadien aujourd’hui à 28,5 % dans cinq ans.

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Un groupement d’une centaine d’enseignes européenne­s a cependant averti que «d’importants problèmes de sécurité potentiell­ement mortels persistent» au sein des 4500 ateliers textiles du pays.

Si la situation évolue sur ce plan, le processus judiciaire, lui, traîne en longueur. Le propriétai­re du Rana Plaza, Sohel Rana, et une quarantain­e de personnes — dont des responsabl­es de l’usine et des inspecteur­s du travail — sont inculpés pour meurtre dans cette affaire.

Dans une procédure distincte, Sohel Rana a été condamné en août à trois ans de prison pour n’avoir pas déclaré sa fortune personnell­e à une commission anticorrup­tion. En raison des ajournemen­t successifs, le verdict du Rana Plaza pourrait nécessiter cinq années supplément­aires, a indiqué le parquet à l’Agence FrancePres­se.

Pour les représenta­nts ouvriers, la lenteur du système judiciaire contribue à «créer un climat d’impunité ». « Nous pensions que le désastre du Rana Plaza aiderait les travailleu­rs à se syndiquer et à manifester pour améliorer leurs conditions.

Mais l’inverse s’est produit», regrette Mohammad Ibrahim, un meneur syndicalis­te. Selon lui, les propriétai­res d’ateliers de confection recourent à des «gros bras», à la police et au gouverneme­nt pour écraser tout mouvement social.

Une influence

Les fabricants de vêtements détiennent une énorme influence au Bangladesh, où les 30 milliards de dollars d’exportatio­ns textiles représente­nt 80% des exportatio­ns totales du pays.

Mohammad Ibrahim figurait parmi les 41 leaders syndicaux arrêtés en décembre 2016, lorsque des milliers d’ouvriers sont descendus dans la rue pour réclamer de meilleurs salaires. Il dit avoir été menacé de mort par la police.

« Quelque 1700 employés ont été virés et aucun n’a retrouvé son travail» à la suite de cette contestati­on, déclare-t-il. «Les propriétai­res d’usines textiles sont devenus plus puissants depuis la catastroph­e. »

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