Cinq ans après la tragédie du Rana Plaza, le cri pour la justice des survivants
L’effondrement de l’usine textile avait fait plus de 1130 morts et 2000 blessés dans l’une des pires tragédies industrielles au monde
Comme si la souffrance endurée pendant dix heures la jambe broyée par des corps sous les décombres du Rana Plaza n’avait pas suffi, Nilufer Begum doit en plus subir, cinq ans après la tragédie, l’insoutenable attente du procès des responsables.
Le Bangladesh marque mardi le cinquième anniversaire de l’effondrement de l’atelier de confection Rana Plaza, l’une des pires catastrophes industrielles au monde. Le non-respect de normes de sécurité avait coûté la vie à plus de 1130 ouvriers et en avait blessé 2000 autres. Le drame du 24 avril 2013 a mis en lumière la face sombre de la sous-traitance des grandes marques occidentales, conséquence de la course à la diminution des coûts de production dans une économie mondialisée.
Le procès toujours pas tenu
Malgré l’émoi planétaire soulevé par cet accident, le procès du Rana Plaza par la justice du Bangladesh ne s’est toujours pas tenu, au désespoir de survivants brisés dans leur corps comme dans leur âme. «Je compte les heures jusqu’à ma mort. Les muscles de ma jambe s’atrophient. Mes reins lâchent», confie Nilufer Begum, 38 ans, une rescapée qui tient désormais une épicerie près des ruines de l’usine. Lorsque le bâtiment de huit étages s’est affaissé comme un château de cartes, cette ouvrière a passé une demi-journée écrasée sous trois corps et une montagne de débris. Sa jambe droite en est sortie irrémédiablement estropiée et l’oblige à se déplacer avec des béquilles.
Comme pour nombre de rescapés, les frais médicaux ont entièrement englouti son indemnité de dédommagement, d’environ 2900euros (4500 $CAN). Passée plusieurs fois sur la table d’opération, cette femme au regard triste a dû dépenser près du double de cette somme en soins, s’endettant auprès de proches ou d’organisations caritatives. «Tant d’entre nous ont perdu des membres ou en sont sortis handicapés. Mais maintenant, tout le monde nous a oubliés, ainsi que le désastre », déplore, en pleurs, cette mère d’un garçon de 11 ans.
L’espérance de voir la condamnation des responsables du Rana Plaza est le dernier fil auquel elle s’accroche. «Aucun d’entre nous ne voulait entrer dans l’atelier ce jour-là, se remémore-t-elle. Ils nous ont forcés à travailler malgré les fissures apparues dans les piliers la veille. Cinq années se sont écoulées et personne n’a été jugé ou puni. »
La tragédie du Rana Plaza, situé en banlieue de la capitale Dacca, a provoqué un tollé international. Cette catastrophe a mis des marques américaines ou européennes de vêtements — comme Primark, Mango et Benetton — sous pression d’améliorer la paye et les conditions
«Les propriétaires d’usines textiles sont devenus
» plus puissants depuis la catastrophe
Le leader syndical Mohammad Ibrahim
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de travail des ouvriers du Bangladesh qui y fabriquent leurs vêtements à bas coût. Cette nation pauvre de 160 millions d’habitants est une destination phare de la sous-traitance de l’industrie textile en raison de salaires parmi les plus bas au monde, qui commencent à 65$US par mois.
Selon des sociétés spécialisées, la sécurité des usines bangladaises s’est toutefois améliorée depuis 2013. Vingt accidents ont ainsi été signalés en 2017, chiffre le plus bas de ces dernières années.
Après avoir testé différentes hypothèses de chocs économiques, le DPB estime ainsi à seulement 5% les chances du gouvernement Trudeau d’atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2021, mais à 75% celles d’atteindre son objectif déclaré de faire passer le ratio d’endettement du gouvernement fédéral sous la barre des 30,9% du PIB.
Cannabis: trou de 380 M
Les gouvernements devront aussi revoir à la baisse leurs attentes quant aux revenus fiscaux générés par la légalisation du cannabis à des fins récréatives censée entrer en vigueur cette année, a prévenu Jean-Denis Fréchette. Si les deux premières années devraient se dérouler un peu mieux que prévu (15 millions de recettes de plus), les revenus tirés par le fédéral de la taxe d’accise devraient être inférieurs aux prévisions de 10 millions la 3e année, de 40 millions la 4e et de 45 millions la 5e, pour un total de 95 millions de moins qu’espéré de 2020 à 2023 (460 millions de revenus plutôt que 555 millions). Ne sachant pas comment Ottawa avait procédé pour arriver à ses propres estimations, le DPB a dit au Devoir ne pas savoir pourquoi on était arrivé de part et d’autre à des résultats différents.
On y a confirmé cependant que, comme il a été convenu qu’à partir de 2020 le partage de la taxe d’accise se ferait à raison de 25% à Ottawa et 75% aux provinces, on peut en déduire que le manque à gagner pour ces dernières sera du triple, soit de 285 millions en trois ans.
Il n’a pas été possible, lundi, d’établir quelle part de ces 285 millions manquants devrait aller au gouvernement du Québec. Dans son dernier budget, son ministre des Finances, Carlos Leitão, n’a présenté ses prévisions à ce chapitre que pour cette année et la prochaine, alors que les règles de partage de revenus entre Ottawa et les provinces seront différentes. Mais on peut y constater que la part du Québec des recettes de la taxe d’accise comptera pour une bonne partie des revenus cette année (23 millions sur 55 millions) et pour la totalité des revenus l’an prochain (50 millions).
Ces revenus seront consacrés pour moitié au Fonds de prévention et de la recherche en matière de cannabis et pour l’autre moitié à la mise en place de la Société québécoise du cannabis ainsi qu’à d’autres dépenses que devront assumer notamment les ministères de la Sécurité publique, des Affaires municipales, ainsi que celui des Transports.