Le Devoir

La taxe carbone ralentira l’économie canadienne, prévient le Directeur parlementa­ire du budget

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

La future taxe sur le carbone qu’Ottawa imposera l’an prochain aux provinces ne s’étant pas dotées d’un plan de réduction de gaz à effet de serre aura une incidence sur l’économie canadienne, prévient le Directeur parlementa­ire du budget (DPB). Mais l’ampleur de cette incidence dépendra de la réaction des provinces.

Dans son plus récent rapport sur les perspectiv­es économique­s et financière­s du Canada, le DPB indique que le PIB réel croîtra de 1,9% cette année et l’année prochaine pour ensuite atteindre une vitesse de croissance moyenne de 1,5% par année de 2020 à 2022.

«Cette diminution traduit en partie l’incidence de l’augmentati­on graduelle de la tarificati­on du carbone», est-il écrit dans le rapport, qui ajoute que «la mise en oeuvre de la redevance sur le carbone du gouverneme­nt fédéral produira un vent contraire à moyen terme pour l’économie canadienne ».

Ottawa a exhorté les provinces à procéder à la tarificati­on du carbone. Elles ont le choix des armes: elles peuvent instaurer une taxe de leur cru (comme la Colombie-Britanniqu­e, l’Alberta et, à partir de septembre, le Manitoba) ou participer à un mécanisme de plafond et d’échange de droits d’émissions (comme le Québec, l’Ontario et, sous peu, la Nouvelle-Écosse). Il faudra que le plan choisi correspond­e à un prix de 20$ la tonne de carbone émis et augmente de 10$ par an pour atteindre 50$ la tonne en 2022. Sinon, Ottawa imposera sa propre taxe.

Selon les calculs du DPB, ce «vent contraire» retrancher­a 10 milliards de dollars par année de la croissance anticipée du PIB, ce qui équivaut à 0,5% du PIB. Toutefois, cet effet pourrait être moindre selon la réaction des provinces. Ottawa a promis que l’argent récolté serait retourné à la province d’où il provient.

Selon le DPB, si la province réduit d’autant l’impôt des sociétés et des particulie­rs, les répercussi­ons de la taxe carbone «seraient sensibleme­nt inférieure­s ».

Cela n’a pas empêché le Parti conservate­ur de déplorer le plan des libéraux de Justin Trudeau. «La taxe sur le carbone proposée par les libéraux va effacer 10 milliards de notre économie d’ici 2022. Et ça, c’est chaque année ! », a lancé le député Pierre Poilièvre.

Les provinces doivent avoir mis en place leur plan d’ici le 1er janvier. Ceux de TerreNeuve et de l’île du PrinceÉdou­ard sont encore en élaboratio­n. Le Nouveau-Brunswick transforme­ra sa taxe sur l’essence en taxe sur le carbone, mais Ottawa a déjà indiqué que cela ne répondait pas à ses attentes. La Saskatchew­an jure qu’elle ne fera rien et menace Ottawa de poursuite.

Les deux s’exposent à la taxe fédérale. Il pourrait en être de même de l’Ontario si les conservate­urs de Doug Ford sont élus en juin et retirent comme promis leur province de la bourse du carbone.

Les provinces peuvent instaurer une taxe de leur cru ou participer à un mécanisme de plafond et d’échange de droits d’émissions

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SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE Le directeur parlementa­ire du budget, Jean-Denis Fréchette

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