Desjardins et la Fédération des municipalités collaborent à un projet de petits guichets
Le projet pilote permettant à certaines villes d’avoir des petits guichets automatiques permettant le retrait d’argent est une bonne nouvelle, dit le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), mais il faudra aussi trouver des façons pour que les gens puissent effectuer des dépôts.
En vertu d’une annonce faite lundi après deux mois de discussions, cinq villes exprimant le désir d’avoir un guichet pourront prendre part au projet mis sur pied par la FQM et le Mouvement Desjardins, qui se propose de le financer pendant un an. Les villes devront ensuite prendre une décision: garder le guichet ou non.
Le projet survient deux mois après une demande de la FQM concernant le décret d’un moratoire sur les fermetures de guichets Desjardins, qui se comptent par centaines depuis quelques années, au grand mécontentement des municipalités touchées. La demande a été refusée, mais elle a eu pour effet de déclencher des pourparlers constructifs.
«Une fois que Desjardins ou une banque quitte un territoire, on s’aperçoit qu’il nous manque des services», a dit en entrevue le président de la FQM, Jacques Demers. «Un de ces services, c’est l’argent papier, et on répond à ce boutlà. Après ça, il faudra trouver une piste de solution pour les dépôts. Il reste des choses à avancer. »
Les villes qui se manifestent jusqu’ici pour avoir un guichet dans leurs installations sont celles qui ont vu un guichet disparaître, a dit M. Demers. Le choix des municipalités n’a pas été arrêté, mais la FQM vise déjà Kamouraska et l’Outaouais, où le maire de Ripon, par exemple, a déploré la disparition du guichet de Desjardins.
Quand Desjardins ferme un guichet, c’est parce que celui-ci n’est pas suffisamment utilisé par les membres, a dit une porte-parole de l’institution, Chantal Corbeil. Les maires ont notamment fait valoir des besoins touristiques et saisonniers, a-t-elle ajouté, donc Desjardins participe au projet «pour appuyer certains besoins que les municipalités peuvent avoir».
L’usage en baisse
Selon le rapport de Desjardins sur sa responsabilité sociale, l’usage des guichets a diminué de 6,8% en 2017. Le réseau comptait 2049 guichets l’an dernier, en baisse de 20% par rapport aux 2508 guichets mentionnés dans le rapport annuel 2012.
Le dossier fera sûrement parler de lui à Québec, le 14 mai prochain, alors que les membres de la Commission de l’aménagement du territoire se réuniront pour étudier l’«accès aux services financiers de proximité en région». L’ordre du jour de la séance prévoit déjà la présence du Mouvement Desjardins, de l’Association des banquiers canadiens, de Marc-Urbain Proulx, spécialiste de l’économie territoriale, et de la FQM.
Le député libéral Guy Ouellet, qui préside la commission, a affirmé en mars qu’il s’agirait d’une «première étape» pour bien cerner ce que veulent les établissements financiers. « Il y a eu plusieurs fermetures annoncées dans différentes municipalités et les parlementaires ont besoin de comprendre pourquoi et quelle est la stratégie», a-t-il dit le 15 mars. Du côté du Parti québécois, le député Sylvain Gaudreault avait ajouté que «ça reste des entreprises indépendantes, mais il y a certainement une manière de voir comment on peut offrir encore des services financiers concrets ».
Le projet prévoit par ailleurs que le financement des coûts des guichets pour la première année sera pris en charge par Desjardins, a indiqué Mme Corbeil. À la fin du projet, les villes sélectionnées devront faire une analyse des coûts pour décider si elles gardent le guichet et en assument les dépenses.
Le partenariat d’un an est «un outil qu’on met dans la boîte», a dit le président de la FQM. «C’est intéressant, pourvu qu’on puisse arriver à un coût abordable. On ne veut pas de frais élevés, on veut des frais qui soient le plus bas possible. » La monnaie papier joue encore un rôle en raison de la présence de touristes et du commerce local, a-t-il ajouté.