Les rebelles jurent vengeance après la mort de leur chef
Un raid aérien attribué à la coalition a semé la mort dans une cérémonie de mariage
Le plus haut responsable politique des rebelles au Yémen a été assassiné dans une frappe de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, ont annoncé lundi ces insurgés en menaçant de venger sa mort.
Le 19 avril, Saleh al-Sammad, chef du Conseil politique suprême de la rébellion, est «tombé en martyr» dans une frappe de la coalition sur la province de Hodeida (ouest), ont fait savoir les rebelles dans un communiqué diffusé par leur agence de presse, Saba.
Il s’agit d’un coup très dur pour les rebelles houthis en guerre contre le pouvoir du président, Abd Rabbo Mansour Hadi, aidé depuis mars 2015 par cette coalition de plusieurs pays commandée par le royaume saoudien, voisin du Yémen. Celle-ci est intervenue pour aider le pouvoir du chef d’État à freiner la progression des Houthis proiraniens qui s’étaient emparés de vastes pans du territoire, dont la capitale Sanaa.
Trois ans plus tard, le pays est toujours meurtri par les violences, sans aucune solution politique en vue.
C’est le plus haut responsable rebelle à être tué depuis le début du conflit. Son nom figurait sur une liste de 40 responsables houthis dévoilée en novembre 2017 par l’Arabie saoudite qui a mis à prix leur tête avec des récompenses totalisant 440 millions de dollars. Sammad a été remplacé comme chef du Conseil politique par Mehdi Hussein al-Machat, selon le communiqué.
Des sources gouvernementales yéménites ont confirmé, sous le couvert de l’anonymat, que «Sammad a été tué par une frappe de la coalition jeudi dernier dans le secteur de Brihi», au sud-ouest de la ville de Hodeida, chef-lieu de la province du même nom.
La coalition elle-même n’a pas commenté dans l’immédiat ces informations.
Promesse de représailles
Le chef suprême des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, a promis de venger la mort de Sammad, dans une déclaration diffusée par la télévision des Houthis, al-Massirah. Selon lui, six autres personnes ont aussi péri.
Début avril, Saleh al-Sammad avait proclamé 2018 «l’année balistique par excellence», en allusion aux missiles tirés contre le royaume saoudien par les rebelles.
Depuis novembre, les Houthis ont tiré plusieurs missiles balistiques vers l’Arabie saoudite, qui ont été interceptés par la défense anti-aérienne.
Lundi, les médias d’État saoudiens ont annoncé l’interception de deux nouveaux missiles balistiques tirés par les Houthis vers la province de Jizan, dans le sud du Yémen. Selon la chaîne Al-Massirah, un missile a visé une installation de l’entreprise pétrolière Aramco. Riyad n’a rien dit à ce sujet.
Fin abrupte
Sur un autre front du conflit, des dizaines de personnes participant à une cérémonie de mariage ont été tuées ou blessées dimanche soir dans des frappes dans le nord-ouest du Yémen, présentées par les rebelles comme une nouvelle bavure de cette même coalition. Il y a eu de 23 à 33 morts et de 40 à 55 blessés selon différentes sources médicales et de l’administration locale.
Selon Médecins sans frontières, l’hôpital qu’ils soutiennent à Hajja a admis 63 blessés, dont des enfants. Ces raids sont « parmi les plus dévastateurs dans la région ces derniers mois ».
Sollicitée par l’AFP, la coalition n’a pas immédiatement commenté les informations.
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé «une enquête rapide, efficace et transparente» sur cette attaque qu’il a «fermement condamnée».
L’Iran, grand rival chiite de l’Arabie saoudite sunnite et accusé d’armer les Houthis, a condamné «les attaques contre les objectifs civils» comme «des violations des principes humanitaires ».
Le conflit au Yémen a fait près de 10 000 morts et provoqué « la pire crise humanitaire du monde», selon les Nations unies.