Promenade parisienne sur l’île Sainte-Hélène
Faire du lèche-vitrines dans les rues commerçantes de Paris des années 1700: c’est ce que propose le Musée Stewart avec sa nouvelle exposition Paris en vitrine. Les boutiques du 18e siècle.
« Capitale du Royaume de France, Paris est l’une des plus belles, des plus célèbres et des plus florissantes villes du monde. […] Dès son arrivée, le voyageur est surpris par le tumulte, l’encombrement et la saleté de certains Quartiers. […]»
Le voyage dans le temps et l’espace commence dès les premières lignes inscrites à l’entrée de l’exposition. «Toute l’exposition est conçue comme un guide de voyage de l’époque », explique Sylvie Dauphin, conservatrice et chef des collections du Musée Stewart. Ainsi, des mots ou formulations disparus aujourd’hui apparaissent en italique dans les textes de l’exposition et dans le livret qui accompagne les visiteurs tout au long du parcours. «Il y avait une enflure des mots et une façon particulière de présenter les choses à l’époque ; j’ai conser vé cela pour donner de la saveur à la visite», ajoute la conservatrice.
La visite s’ouvre par une grande reproduction au sol du plan de Paris imprimé en 1739 — dont l’original est aussi exposé, relié sous forme d’atlas. «On a voulu offrir une vue de Paris à vol d’oiseau pour débuter», explique Mme Dauphin. Lorsqu’on lève les yeux du plan, la perspective est ensuite tout autre. Le visiteur plonge au coeur du vieux quartier, nommé La Cité, alors que les silhouettes de maisons comme on en retrouvait sur le bord de la Seine se dressent devant lui. S’étirent derrière une longue rue bordée de commerces. La perspective laisse aussi entrevoir la façade de l’église Notre-Dame qui clôt le premier tableau, tout au fond de la salle.
«Cette exposition fait revisiter Paris sous un angle inusité, mêlant à la fois le plaisir de voyager, celui de fréquenter les boutiques et de découvrir la riche histoire de la capitale française, avec laquelle les Montréalais ont un lien privilégié depuis toujours», fait valoir Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée Stewart.
D’une boutique à l’autre
Le «quay de l’Horloge», le pont Neuf, la rue Saint-Honoré, le « quay de Conti», la rue Saint-Jacques…. Les visiteurs parcourent l’exposition comme s’ils traversaient les quartiers et les rues de Paris, dont les noms sont inscrits au sol, passant d’une vitrine de boutique à une autre.
« Habituellement, les musées travaillent avec le nom de l’auteur d’une pièce, fait valoir Sylvie Dauphin. Cette fois, on est allés encore plus loin dans les recherches. On s’est demandé où était vendue cette pièce et où était située la boutique qui la vendait. Les boutiques sont le point de départ et le fil conducteur de l’exposition. »
Ainsi, toutes les pièces de l’expo sont présentées et classées par boutique. Parmi les boutiques figurent notamment La Sphère, tenue par Jacques Canivet, un «éminent fabricateur d’instrumens de mathématiques », Au Chagrin de Turquie, qui attire une clientèle prestigieuse, dont Madame de Pompadour et Louis XV, ou encore Le Petit Dunkerque, tenue par sieur Granchez et dont «le décor est fort agréable ».
Vaisselle, porcelaines, globes terrestres, instruments scientifiques, cafetières, brosse à cheveux, gravures et estampes… Quelque 400 artéfacts français du XVIIIe siècle, dont 80 livres rares, constituent l’exposition. Ils proviennent tous de la collection personnelle du Musée Stewart, composée de près de 27 000 pièces.
Visites virtuelles de Paris
L’exposition propose également le visionnement d’une restitution en 5D du quartier du Grand Châtelet, élaborée par la musicologue Mylène Pardoen. Ce paysage sonore, créé à partir de longues recherches et de documents historiques, fait entendre la vie de Paris dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle.
La visite guidée se termine en poésie par l’expérience de réalité virtuelle Il neige à Paris, une déambulation nocturne dans La Cité par un soir d’hiver dans un décor fait de papier découpé.
«L’exposition permanente du musée est aussi très intéressante et peut être un beau complément à notre exposition temporaire, abordant aussi le Siècle des lumières», ajoute Geneviève Lalonde, conseillère, communications et expérience visiteurs, du Musée Stewart. Couvrant une période historique par ailleurs beaucoup plus large, Histoires et mémoires propose un parcours historique qui mène le visiteur de l’époque amérindienne jusqu’à aujourd’hui.
Un site unique
«Le site du Musée Stewart est aussi en soi une destination intéressante, fait valoir Geneviève Lalonde. Plusieurs Montréalais ne sont encore jamais venus ici. Les gens sont vraiment agréablement surpris de la beauté des lieux. »
Situé au coeur du parc Jean-Drapeau, le musée fait face au fleuve et côtoie de près le pont Jacques-Cartier. Logé dans l’arsenal du dépôt fortifié britannique de l’île Sainte-Hélène, une construction militaire du XIXe siècle, le long bâtiment du musée a été agrémenté il y a quelques années d’une tour en verre. «Elle crée un pont entre la nature et l’espace muséal et permet d’avoir une très belle vue sur Montréal et sur le pont qui s’illumine le soir», souligne Mme Lalonde.
Le musée offre par ailleurs plusieurs activités extérieures tout au long de l’été, dont des visites guidées dans le parc Jean-Drapeau, un tournoi d’escrime en plein air le 2 juin ou encore un pique-nique napoléonien le 18 août. Plusieurs autres activités spéciales intérieures, dont un jeu d’évasion, sont aussi à l’horaire. Toute la programmation est disponible sur le site Web du musée.