Martine Ouellet perd d’autres appuis
Au tour du trésorier et de l’aile jeunesse de larguer la chef du Bloc québécois
Àdeux semaines du vote de confiance auquel se soumettra Martine Ouellet, la chef du Bloc québécois perd de nouveaux appuis aux instances du parti. Le trésorier Jules Gagné a annoncé sa démission de son poste mercredi matin, alors que presque au même moment l’aile jeunesse du Bloc retirait son soutien à la chef.
C’est d’ailleurs ce désaveu des jeunes bloquistes qui a convaincu le trésorier du bureau national du Bloc, Jules Gagné, de quitter ses fonctions. « C’est la goutte qui a fait déborder le vase», a-t-il confié au Devoir.
Les précédents désaveux de la chef de la part de la vice-présidente du parti, Kédina FleurySamson — qui a quitté ses fonctions il y a deux semaines —, ou de membres de la permanence — où les directeurs généraux se sont succédé depuis un an — préoccupaient M. Gagné. Mais il avait jusqu’ici choisi de rester en poste.
«Quand les jeunes décident de lâcher Martine, pour moi, c’est comme le dernier clou du cercueil», a-t-il toutefois déclaré mercredi, estimant que «la jeunesse, c’est vraiment fondamental» pour toute formation politique.
Jules Gagné a informé l’exécutif du parti de sa décision par courriel mercredi matin. «Martine, je t’ai trouvée vraiment formidable sur le plan des idées et de la communication politique, et c’est à cause de cela que je suis toujours trésorier», a-t-il écrit dans son courriel, dont Le Devoir a obtenu copie.
«Sur le plan de la gestion, et notamment de la gestion des ressources humaines, ça a été beaucoup moins bien et je pense que c’est surtout pour cela qu’on est où on est aujourd’hui. Parmi les rôles d’un chef de parti, il en est un qui est fondamental: MAINTENIR LA COHÉSION AU SEIN DU PARTI. Tu n’as clairement pas réussi», conclut M. Gagné, en annonçant sa démission parce qu’il « ne voit plus de possibilité de sortie de ces crises ».
«Un chef, ça doit quand même rassembler. Elle rassemble qui, là?» a demandé le trésorier, en entrevue avec Le Devoir.
Les jeunes renient la chef
Le Forum jeunesse du Bloc québécois en est venu à la même conclusion.
«Ce n’est pas un constat qui nous est facile à faire. Nous avons toujours été à ses côtés, mais nous ne pensons plus qu’elle fait partie de la solution», a fait savoir par communiqué sa présidente, Camille Goyette-Gingras, une ancienne attachée de presse de Martine Ouellet.
La vingtaine de délégués de l’aile jeunesse auraient préféré une chef rassembleuse, tenant des propos empathiques et cherchant le consensus. «Malheureusement, nous ne voyons pas cela actuellement. »
L’effectif du Bloc québécois compte un peu plus de 1000 jeunes de 30 ans et moins, qui auront le droit de vote au référendum de Martine Ouellet, selon les informations du Devoir.
La présidente du Forum jeunesse avait retiré son appui personnel à la chef, fin mars, peu après que le président du
parti et député Mario Beaulieu eut fait de même.
M. Beaulieu a choisi de rester en poste la semaine dernière — après avoir hésité —, mais il en a décidé ainsi pour faire campagne contre Martine Ouellet en vue de son vote de confiance les 1er et 2 juin. Camille Goyette-Gingras promet de faire des appels en ce sens elle aussi.
Martine Ouellet a refusé la demande d’entrevue du Devoir. Sa députée Marilène Gill s’est dite déçue que ces désaveux ne se fassent pas derrière des portes closes, au sein des instances du Bloc, et que les récalcitrants n’attendent pas le verdict du référendum dans deux semaines.
Les jeunes bloquistes ont par ailleurs pris soin de noter qu’ils ne rejetaient pas le souhait de Martine Ouellet de prioriser la promotion de l’indépendance sur toutes les tribunes — volonté qu’ils disent partager.
« Par contre, et contrairement au résultat du mandat de Martine Ouellet, nous savons que nous devons retrouver une grande coalition pour nous mener au pays. Une seule frange d’indépendantistes ne suffira pas», a fait valoir le conseiller aux communications du Forum jeunesse, Philippe Lavoie.
L’indépendance avant tout
Sept des dix députés bloquistes ont quitté le caucus du parti à la fin de février, en critiquant le leadership de Martine Ouellet.
La chef présente depuis ce différend comme en étant un qui porte sur la mission fondamentale du Bloc québécois. Mme Ouellet veut faire la promotion de l’indépendance avant tout.
Le référendum du début de juin comportera une question sur cette orientation du mandat du Bloc, tandis que la seconde question représentera un vote de confiance à son endroit. Le parti prévoit d’annoncer les résultats de sa consultation le 3 juin.
Quand les jeunes décident de lâcher Martine, pour moi, c’est comme le dernier clou du cercueil Jules Gagné, trésorier du bureau national du Bloc québécois