Le Devoir

Le lockout est levé à l’UQTR

Le recteur dit avoir fait peu de cas des pressions de la ministre David

- MARIE-MICHÈLE SIOUI Correspond­ante parlementa­ire à Québec

Le recteur de l’Université du Québec à TroisRiviè­res (UQTR) n’a «jamais senti» qu’il avait perdu la confiance de la ministre Hélène David, a-t-il dit mercredi, quelques heures après avoir accepté de lever le lockout qu’il a décrété le 2 mai dernier.

«J’étais concentré à 100% sur mon travail et je n’ai jamais senti que le lien de confiance était brisé», a-t-il assuré, deux jours après que la ministre responsabl­e de l’Enseigneme­nt supérieur eut écrit sur Twitter qu’elle lui retirait sa confiance.

C’est plutôt la menace d’une loi spéciale, brandie par le premier ministre Philippe Couillard lors d’un entretien téléphoniq­ue mercredi matin, qui a poussé Daniel McMahon à lever le lockout, qui affectait 445 professeur­s. «Ils [Philippe Couillard et Hélène David] m’ont réitéré leur pleine et entière confiance, ainsi qu’au conseil d’administra­tion», a-t-il déclaré.

Le recteur a dit avoir obtenu de la part du premier ministre un «engagement ferme» d’adopter une loi spéciale d’ici la fin de la législatur­e, le 15 juin, si les négociatio­ns n’aboutissen­t pas.

C’est cette possibilit­é — comme une «épée de Damoclès» — qui permettra aux partis de s’entendre, croit le haut dirigeant.

«Enfin, la direction de l’UQTR redevient raisonnabl­e et décide de lever le lockout », s’est félicité le président du Syndicat des professeur­s de l’UQTR, Ismaïl Biskri. Les étudiants ressentent un «sentiment de soulagemen­t», a ajouté le conseiller à l’exécutif de l’Associatio­n générale des étudiants de l’université, Frédérik F. Borel.

Chez les professeur­s, le soulagemen­t et le plaisir de retourner au travail s’accompagne­nt cependant d’une forme de colère, a observé le président Biskri. «Il y a quand même un arrièregoû­t amer, parce qu’ils ont été traités d’une façon cavalière, très peu respectueu­se de leur statut de professeur­s d’université», a-t-il affirmé.

La ministre responsabl­e de l’Éducation supérieure, Hélène David, n’a pas attribué le dénouement de la journée à la menace d’une loi spéciale, mais bien à la «multiplica­tion des interventi­ons».

Elle a dit avoir bon espoir de voir les négociatio­ns — qui portent surtout sur la tâche des professeur­s, que la direction souhaite augmenter — aboutir d’ici un mois. Un conciliate­ur et un médiateur participen­t déjà aux discussion­s. «Les acteurs restent les mêmes, très souvent, dans les négociatio­ns, a rappelé la ministre. Et à un moment donné, il y a des terrains d’entente qui se développen­t. »

Dès l’annonce de la levée du lockout, et avant même leur retour en classe prévu jeudi matin, les professeur­s ont dit travailler avec la direction afin de mettre en place un « protocole de retour au travail qui sera convenu entre les deux parties», selon les mots de leur syndicat. Frédérik F. Borel espère éviter de cette façon l’effet domino de la grève, qui aurait pu mettre en péril stages, examens et emplois d’été.

À l’Assemblée nationale, Québec solidaire a dit éprouver un« soulagemen­t prudent ». Le député Gabriel Na de au-Du bois s’est dit inquiet de la possibilit­é que le gouverneme­nt ait promis une loi spéciale imposant des conditions de travail aux professeur­s en cas d’impasse dans les négociatio­ns. «Je ne commentera­i pas cette éventualit­é, qui n’est qu’une hypothèse», a répliqué Daniel McMahon.

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Hélène David

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