Le Devoir

« Ça ne se défend pas », tranche Barrette

Guichet d’accès : le ministre de la Santé dénonce le manque d’éthique de certains médecins

- ISABELLE PORTER à Québec

Les médecins de famille qui boudent le guichet d’accès en choisissan­t leurs patients en fonction de critères d’âge, d’ethnie et de problèmes de santé ont un comporteme­nt contraire à l’éthique, selon le ministre de la Santé Gaétan Barrette.

« Ça ne se défend pas. Absolument pas», a déclaré le ministre mercredi matin. Comme l’avait rapporté Le Devoir, un rapport de la protectric­e du citoyen a reproché à certains médecins montréalai­s d’être trop sélectifs dans le choix de leurs patients.

Ce phénomène contribue aux ratés du guichet d’accès pour les gens sans médecin de famille dans la métropole, avance-t-on.

«L’attributio­n des patients dans cette région est presque exclusivem­ent faite de façon particuliè­re afin de pouvoir respecter les demandes spécifique­s

des médecins (origine ethnique, âge ou problémati­que de santé spécifique», peut-on lire dans le rapport rendu public mardi.

Selon le ministre Barrette, la protectric­e du citoyen « a absolument raison

«Par contre, il faut qu’elle prenne en considérat­ion le fait que, dans les relations que nous avons avec les médecins, je n’ai pas le pouvoir direct de dire: docteur, vous allez prendre tel patient », a-t-il ajouté.

«La loi 20, c’était fait pour que les médecins aient une pression pour prendre des patients en charge. On est en train de resserrer les règles et de faire énormément de pression sur la Fédération des médecins omnipratic­iens pour régler ça.» Il a ensuite souligné que c’était contraire à l’éthique et « inacceptab­le ».

Au Collège des médecins, on souligne que les médecins ne peuvent pas se faire imposer la prise en charge d’un patient. «En vertu de l’article 23, le médecin ne peut pas refuser de traiter le patient qui est devant lui», souligne la porte-parole du Collège des médecins, Leslie Labranche. «Mais ce n’est pas la même chose pour la prise en charge. »

D’emblée, le Collège trouve que le rapport de la protectric­e aurait pu apporter plus de précisions sur cette question. « On manque d’informatio­n pour porter un jugement.»

Peur des cas lourds

Dans son rapport, la protectric­e explique que des coordonnat­eurs des guichets d’accès pour la clientèle orpheline (GACO) à Montréal se disent «impuissant­s face au refus de certains médecins de collaborer à la prise en charge de nouveaux patients ».

La situation est jugée d’autant plus préoccupan­te dans la métropole que le taux d’inscriptio­n à un médecin de famille est parmi les plus faibles au Québec.

En décembre, il s’élevait à 66 % alors que la moyenne est de 78,3% et la cible gouverneme­ntale, de 85 %.

Mercredi, Le Devoir a cherché en vain à joindre des coordonnat­eurs de GACO pour en savoir davantage. Or, ailleurs, on nous confirme que le GACO est mal vu par bien des médecins.

«Les gens préfèrent utiliser le bouche-à-oreille et l’autoréfére­ncement», explique Dominique Hotte, co-porte-parole du Regroupeme­nt des omnipratic­iens pour une médecine engagée (ROME).

La perception voulant qu’on y retrouve beaucoup de cas lourds souvent non diagnostiq­ués est très répandue, ditelle. De plus, les imprécisio­ns dans les formulaire­s font en sorte que des personnes en bonne santé sur papier se révèlent être des cas beaucoup plus complexes quand la prise en charge débute.

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