Le Devoir

Les demandes ne devront plus se rendre aux ministres

Kathleen Weil a finalement obtenu l’autorisati­on de dévoiler son projet de « grande réforme »

- MARCO BÉLAIR-CIRINO Correspond­ant parlementa­ire à Québec

La ministre responsabl­e de l’Accès à l’informatio­n, Kathleen Weil, propose de réduire de dix ans le délai d’inaccessib­ilité des documents du Conseil des ministres.

Garder secrètes les délibérati­ons des membres du gouverneme­nt pendant 15 ans, plutôt que 25 ans, constitue l’une des mesures contenues dans le projet de loi modernisan­t la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignem­ents personnels (LAI), a appris Le Devoir.

À quatre semaines de la fin de la session parlementa­ire, Kathleen Weil a finalement obtenu le feu vert pour dévoiler son projet de «grande réforme» à l’Assemblée nationale.

Le projet de loi jettera les bases d’un processus «allégé» de révision d’une décision d’un ministère ou d’un organisme public à une demande de renseignem­ents en vertu de la LAI. La Commission d’accès à l’informatio­n (CAI) devra «offrir» une médiation aux parties afin d’éviter le plus possible la judiciaris­ation des dossiers litigieux.

Qui plus est, le projet de loi permettra aux responsabl­es du traitement des demandes d’accès à l’informatio­n dans chacun des ministères et des organismes — et la CAI — de mieux saisir la «volonté du législateu­r» derrière la LAI.

D’autre part, le projet de loi spécifiera que le sous-ministre est l’ultime responsabl­e de l’examen des demandes d’accès à l’informatio­n, ce qui permettra de dissiper, une fois pour toutes, les soupçons d’ingérence politique dans le traitement des requêtes journalist­iques, espère-t-on dans les rangs libéraux. À l’heure actuelle, la Loi confie à «la personne ayant la plus haute autorité au sein d’un organisme public» — autrement dit le ministre — le «traitement des demandes d’accès et le pouvoir de déléguer cette responsabi­lité ».

Le projet de loi inclura également une section sur la «diffusion proactive» d’informatio­ns par les ministères et organismes qui les obligerait à se doter d’un plan périodique de diffusion.

La ministre Kathleen Weil ne se berce pas d’illusions: les députés ne peuvent tenir des consultati­ons particuliè­res sur le projet de loi de plus de 100 articles — qui sont d’ailleurs réclamées par les dirigeants de presse — et passer au crible les dizaines d’articles d’ici la fin de la législatur­e. Un coup d’oeil au calendrier des travaux de l’Assemblée nationale permet de s’en convaincre. Il reste douze jours de travaux parlementa­ires.

Mme Weil pourra à tout le moins dévoiler le fruit du travail abattu par ses prédécesse­urs, Jean-Marc Fournier et Rita de Santis, et elle au cours des quatre dernières années. Son bilan de ministre responsabl­e de l’Accès à l’informatio­n ne se résumera pas au projet de loi restreigna­nt l’accessibil­ité de certains documents du conseil exécutif, qui a été adopté le 20 mars dernier par le Parlement.

Mais, surtout, le gouverneme­nt libéral veut, à l’approche de la campagne électorale, «mettre la barre à un certain niveau» avec son projet de loi.

Le projet de loi jettera les bases d’un processus «allégé» de révision d’une décision d’un ministère

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