Le Devoir

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- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Actualités › Les opposants à Martine Ouellet veulent s’assurer de pouvoir mener une lutte à armes égales avec les partisans de la chef bloquiste.

Le Bloc québécois pourra dépenser 15 000$ pour soutenir Martine Ouellet en vue de son vote de confiance. Le camp du non réclamait des règles du jeu équitables pour les deux campagnes. S’il a réussi à faire imposer un plafond aux dépenses, celui-ci est en revanche au-delà de l’enveloppe qu’avaient prévue les instances du parti.

Des représenta­nts du camp du non avaient exigé jeudi soir une rencontre avec le président du processus électoral du Bloc et son directeur général, estimant que la campagne référendai­re était injuste.

Le député Mario Beaulieu et l’un des principaux opposants à Martine Ouellet, Yves Perron, déploraien­t que le bureau national ait consacré une enveloppe de 12 000 $ à la campagne.

Le camp du non y voyait un fonds illégitime qui servirait à faire campagne pour aider la chef à remporter son vote de confiance dans deux semaines.

Au terme d’une rencontre de deux heures, ils avaient réussi à convaincre le président électoral, Alain Binette, d’imposer un plafond aux dépenses électorale­s… de 15 000$. La décision n’était pas finale. Le consensus semblait toutefois avoir été atteint, selon deux sources du Devoir, et M. Binette a pris la chose en délibéré.

Le camp du non se disait néanmoins «satisfait», car il estime qu’il pourra ainsi arriver à égaler la campagne du parti, ou presque. Certaines associatio­ns de circonscri­ption soutiennen­t les opposants à Martine Ouellet et pourront mettre une partie de leur caisse à leur dispositio­n.

En vertu de l’entente qui semblait avoir été conclue jeudi, les opposants à Mme Ouellet auraient en outre accès à la liste complète des membres et pourraient faire leur propre campagne téléphoniq­ue.

Chaque camp pourrait envoyer un maximum de deux courriels aux bloquistes d’ici le vote. Un observateu­r indépendan­t serait nommé pour superviser le référendum.

«

Les camps du non et du oui devraient avoir des chances équitables » d’informer les membres et de les inciter à aller voter le jour du scrutin

Signataire­s d’une lettre envoyée au président du processus électoral du parti, André Binette

Des dés pipés

Le camp du non avait reproché au parti «une entorse à l’intégrité du processus référendai­re», dans une lettre envoyée à André Binette mercredi et dont Le Devoir a obtenu copie. «Les camps du non et du oui devraient avoir des chances équitables d’informer les membres et de les inciter à aller voter le jour du scrutin. »

Or, ce n’était pas le cas, selon Yves Perron, qui est président de l’associatio­n de circonscri­ption bloquiste de Berthier-Maskinongé. La campagne du oui avait déjà commencé ses appels, selon lui.

Une autre source alléguait, comme M. Perron, que des téléphonis­tes ont été engagés par la permanence du parti. «Si ce n’est pas pour faire des appels, les téléphonis­tes servent à quoi?» demande notre source.

Les délégués bloquistes ont voté, en conseil général fin avril, pour permettre à la permanence de prendre part au référendum sur le mandat du Bloc et la chefferie de Martine Ouellet. Le vote était très serré et la décision avait créé un malaise, menant notamment à la démission de la viceprésid­ente du parti, Kédina Fleur y-Samson.

C’est en vertu de cette décision que la direction du parti a mis de côté 12 000 $. Ce qui ne représente que 1% du budget total du Bloc d’un million de dollars, a nuancé une source.

Le directeur général du parti, Gilbert Paquette, a expliqué au Devoir qu’une première enveloppe de 6000$ servait à la campagne référendai­re, et qu’une seconde était consacrée à une tournée de promotion de la propositio­n de plateforme électorale de Mme Ouellet. Or, cette tournée sert aussi à la chef à se vendre, soutiennen­t ses opposants.

M. Paquette, nommé à son poste par Martine Ouellet, a toutefois fait valoir qu’une campagne d’informatio­n était simplement menée par un ou deux téléphonis­tes, campagne «qui vise à rétablir un peu toute la déformatio­n qu’il y a eu dans les médias» et à «rétablir les faits auprès des membres».

«Ceci ne met pas en cause le processus référendai­re», at-il insisté. Trois firmes supervisen­t le référendum et les employés de la permanence n’ont pas le droit de faire d’appels de campagne.

Le camp du non regroupera­it des membres d’une trentaine de circonscri­ptions.

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