Le Devoir

Avis aux députés : ne sollicitez pas Enbridge pour vos barbecues

- JESSICA NADEAU

Les députés ne devraient pas solliciter les services de barbecue offerts par Enbridge ou par tout autre lobbyiste, tranche le commissair­e aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Mario Dion, dans un avis envoyé jeudi à tous les députés d’Ottawa.

Le commissair­e répondait à une demande formulée par un député qui demandait son avis, à savoir s’il pouvait « solliciter l’aide d’Enbridge sous la forme de services de barbecue pour une activité communauta­ire qu’il organisait dans sa circonscri­ption».

Il précise avoir décidé de diffuser son avis à l’ensemble des députés pour que tous puissent en bénéficier. «Je considère que les services offerts gratuiteme­nt par Enbridge dans le cadre de ses services pour activités communauta­ires sont des avantages au sens du Code régissant les conflits d’intérêts des députés», écrit le commissair­e.

C’est d’autant plus problémati­que, ajoute-t-il, qu’Enbridge est inscrite comme lobbyiste auprès de la Chambre des communes. «Le

Code ne permet pas à un député d’accepter un tel avantage […] puisqu’on pourrait raisonnabl­ement penser qu’il a été offert pour influen- cer le député dans l’exercice de sa charge, et ce, même si Enbridge ne fait pas de lobbying auprès du député lui-même. »

Le commissair­e à l’éthique répondait à une demande formulée par un député

Deux cas distincts

En entrevue au Devoir, le commissair­e Mario Dion précise que l’idée n’est pas d’empêcher les politicien­s de participer à des barbecues ou à d’autres soupers spaghettis déjà organisés, mais d’éviter qu’ils en soient les bénéficiai­res. «Le contexte, c’est que le député voulait organiser le barbecue. Et là, on se pose la question: est-ce que c’est lui qui va payer pour ça ou si c’est quelqu’un d’autre qui va payer pour lui?» illustre-t-il.

«Si tu reçois 400 personnes et qu’ils fournissen­t 12 barbecues et le gaz, je ne sais pas combien ça vaut, mais c’est significat­if. Ça rencontre le test que ça se pourrait que tu aies le goût de faire plaisir à Enbridge par la suite.»

Questionné sur le cas de la ministre Catherine McKenna, photograph­iée il y a quelques mois servant des crêpes lors d’un petit-déjeuner extérieur commandité par Enbridge pendant les festivités du Bal des neiges d’Ottawa, le commissair­e affirme qu’il s’agit de deux cas bien distincts.

« Ce n’est pas la même chose du tout. Ici, c’est elle qui leur a rendu service en allant servir les crêpes, elle n’a pas reçu d’avantage de cela. C’est ça, le test. »

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