Avis aux députés : ne sollicitez pas Enbridge pour vos barbecues
Les députés ne devraient pas solliciter les services de barbecue offerts par Enbridge ou par tout autre lobbyiste, tranche le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, Mario Dion, dans un avis envoyé jeudi à tous les députés d’Ottawa.
Le commissaire répondait à une demande formulée par un député qui demandait son avis, à savoir s’il pouvait « solliciter l’aide d’Enbridge sous la forme de services de barbecue pour une activité communautaire qu’il organisait dans sa circonscription».
Il précise avoir décidé de diffuser son avis à l’ensemble des députés pour que tous puissent en bénéficier. «Je considère que les services offerts gratuitement par Enbridge dans le cadre de ses services pour activités communautaires sont des avantages au sens du Code régissant les conflits d’intérêts des députés», écrit le commissaire.
C’est d’autant plus problématique, ajoute-t-il, qu’Enbridge est inscrite comme lobbyiste auprès de la Chambre des communes. «Le
Code ne permet pas à un député d’accepter un tel avantage […] puisqu’on pourrait raisonnablement penser qu’il a été offert pour influen- cer le député dans l’exercice de sa charge, et ce, même si Enbridge ne fait pas de lobbying auprès du député lui-même. »
Le commissaire à l’éthique répondait à une demande formulée par un député
Deux cas distincts
En entrevue au Devoir, le commissaire Mario Dion précise que l’idée n’est pas d’empêcher les politiciens de participer à des barbecues ou à d’autres soupers spaghettis déjà organisés, mais d’éviter qu’ils en soient les bénéficiaires. «Le contexte, c’est que le député voulait organiser le barbecue. Et là, on se pose la question: est-ce que c’est lui qui va payer pour ça ou si c’est quelqu’un d’autre qui va payer pour lui?» illustre-t-il.
«Si tu reçois 400 personnes et qu’ils fournissent 12 barbecues et le gaz, je ne sais pas combien ça vaut, mais c’est significatif. Ça rencontre le test que ça se pourrait que tu aies le goût de faire plaisir à Enbridge par la suite.»
Questionné sur le cas de la ministre Catherine McKenna, photographiée il y a quelques mois servant des crêpes lors d’un petit-déjeuner extérieur commandité par Enbridge pendant les festivités du Bal des neiges d’Ottawa, le commissaire affirme qu’il s’agit de deux cas bien distincts.
« Ce n’est pas la même chose du tout. Ici, c’est elle qui leur a rendu service en allant servir les crêpes, elle n’a pas reçu d’avantage de cela. C’est ça, le test. »