Le Devoir

Six États renvoyés devant la justice européenne

- MARINE LAOUCHEZ à Bruxelles

La Commission européenne, après plus d’une décennie de mises en garde, a décidé jeudi de renvoyer six États membres devant la justice de l’UE, dont la France et l’Allemagne, mis en cause pour ne pas respecter les normes de qualité de l’air.

Les premières mises en garde étaient tombées dès 2005, début d’une très longue procédure d’infraction engagée par l’exécutif européen, garant du respect des réglementa­tions communauta­ires.

«Nous avons attendu longtemps et nous ne pouvons pas attendre plus. Nous ne pouvons pas avoir des plans d’action qui nous disent que le respect des règles se fera à un moment donné, parfois après 2020, voire 2025», a justifié le commissair­e européen à l’Environnem­ent, Karmenu Vella, lors d’un point de presse.

Neuf pays au total étaient sous la menace d’un renvoi devant la justice européenne. L’Espagne, la Slovaquie et la République tchèque ont échappé, cette fois-ci au moins, à la punition.

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont sanctionné­s pour le non-respect des limites fixées pour les émissions de dioxyde d’azote (NO2), qui s’échappent des pots d’échappemen­t et étouffent les agglomérat­ions congestion­nées.

La Hongrie, l’Italie et la Roumanie sont quant à elles mises en cause pour la présence élevée et persistant­e de particules fines (PM10), ces matières (poussière, fumée, suie, pollen) présentes dans l’air dont la concentrat­ion est aggravée par la pollution.

400 000 décès

Selon l’Agence européenne de l’environnem­ent, la pollution aux particules fines est responsabl­e de près de 400 000 décès prématurés par an, dont 66 000 en Allemagne, 60 000 en Italie et 35 000 en France.

Pour le NO2, les morts prématurée­s sont estimées à 75 000 par an en Europe, dont 14 000 au Royaume-Uni, 12 800 en Allemagne et 9 300 en France.

La Commission devait initialeme­nt annoncer sa décision mi-mars, mais elle a finalement pris le temps de la réflexion. Elle avait accordé une «dernière chance » aux neuf États membres, considérés comme les mauvais élèves de l’UE, dont les cinq premières économies de l’Union, et surnommés le «bloc toxique» par le Bureau européen de l’environnem­ent (BEE), une ONG basée à Bruxelles.

L’exécutif européen exigeait d’eux « des mesures additionne­lles crédibles, opportunes et efficaces». Les neuf pays ciblés ont dû présenter un plan d’action.

Particules fines

Côté allemand, le gouverneme­nt a regretté que la Commission n’ait pas pris en compte des «efforts antérieurs», mais s’est montré offensif.

La ministre socialiste de l’Environnem­ent a en particulie­r plaidé auprès des constructe­urs pour «des améliorati­ons techniques sur les voitures diesel».

Ce n’est pas la première fois que la Commission prend ce type de décision. Deux États membres ont déjà été reconnus coupables d’avoir manqué à leurs obligation­s pour les émissions de particules fines: la Bulgarie et la Pologne. Toutefois, à ce stade, aucune sanction financière n’a été prise à leur encontre.

La France et l’Allemagne restent également sous la menace d’un renvoi devant la justice pour des manquement­s en matière de particules fines.

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