Le gouvernement Couillard promet de collaborer avec les universités
Les établissements se réjouissent du réinvestissement de 1,5 milliard
La ministre Hélène David se fait rassurante : Québec exclut l’idée de dicter ses volontés aux universités en créant les «mandats stratégiques». Cette nouvelle forme de reddition de comptes touchera moins de 1% du financement global et se fera en collaboration avec les établissements.
La politique révisée de financement des universités, confirmée jeudi par la ministre de l’Enseignement supérieur, a été accueillie avec joie par les 19 établissements. Les universités estiment que ce réinvestissement promis de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans représente «un pas très significatif» après des années de vaches maigres.
Les mandats stratégiques de trois ans qui seront conclus avec chacune des universités prévoient qu’environ 0,7% du financement sera lié à des cibles de rendement, a expliqué la ministre David.
«Ce que ça veut dire, c’est que chaque université va avoir un petit quelque chose qui la spécifie, pour laquelle elle reçoit de l’argent dédié», a-t-elle dit jeudi lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.
«Ça va être discuté avec les universités. Je n’appelle pas ça des contrats de performance», a-t-elle précisé.
La ministre David a tenté de dissiper les craintes de la Fédération québécoise des professeures et des professeurs d’université, qui a évoqué au Devoir le souvenir des défunts contrats de performance créés en 2000 par François Legault, alors ministre de l’Éducation.
Michel Patry, directeur de HEC Montréal et président du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), qui regroupe les 19 établissements du Québec, a dit être à l’aise avec le financement lié à l’atteinte de cibles de rendement.
«Les universités n’ont pas de problème avec les mandats stratégiques. On pense que les objectifs seront convenus avec le ministère. Comme on le dit, the devil is in the details, mais on s’attend à une certaine souplesse de la part du ministère», a-t-il affirmé.
Étudiants étrangers
Les universités québécoises restent sous-financées par rapport à leurs concurrentes nord-américaines, mais le réinvestissement annoncé par la ministre Hélène David est le bienvenu, selon Michel Patry.
«On vient de sortir de quatre années de compressions. Ça va nous prendre un an ou deux pour revenir au financement per capita d’il y a quatre ans », estime-t-il.
La déréglementation des droits de scolarité des étudiants internationaux soulève des inquiétudes. Johanne Jean, présidente du réseau des Universités du Québec (UQ), rappelle que le marché des étudiants étrangers est d’abord et avant tout anglophone. Elle se demande si l’aide financière de 9000$ par étudiant recruté outremer par les universités francophones sera suffisante.
La facture annuelle sera de 22,8 millions pour Québec.
«Le marché francophone, il faut le développer, dit-elle. Il faut réussir à maintenir notre attractivité. Est-ce qu’on va y arriver? On ne peut pas en être certains à 100%. Il y a encore du travail à faire. »
Tentées par l’anglais
Alexandre Cloutier, du Parti québécois, craint que les universités francophones souffrent de cette déréglementation des droits de scolarité. Il craint même que certaines soient tentées d’offrir des cours en anglais pour avoir leur part du gâteau.
Le député péquiste et la représentante de l’UQ estiment aussi que le gouvernement doit en faire davantage pour retenir les étudiants étrangers à la fin de leurs études.
Environ le quart restent au Québec après l’obtention de leur diplôme. Les régions manquent pourtant de maind’oeuvre.
Plusieurs programmes dans des universités en région se maintiennent grâce à la présence d’étudiants étrangers, note aussi Jean-François Roberge, de la Coalition avenir Québec (CAQ). Il faudra surveiller de près si la hausse anticipée des droits de scolarité des étudiants internationaux réduira le nombre d’inscriptions.
Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, qualifie de son côté «d’inadmissible» la déréglementation des droits de scolarité des étudiants internationaux. «Attendre la fin de la session pour attaquer en catimini les étudiants et les étudiantes: les libéraux ont appris les leçons de 2012», a-t-il écrit sur Twitter.