Cinéma How to Talk to Girls at Parties: le sens de la fête
How to Talk to Girls at Parties raconte l’idylle entre un jeune artiste punk et une extraterrestre rebelle
HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES
Comédie fantaisiste de John Cameron Mitchell avec Alex Sharp, Elle Fanning, Ruth Wilson, Nicole Kidman. GrandeBretagne, 2017, 102 minutes. Cinéma du Parc
Bon an mal an, il est un film sélectionné à Cannes qui déclenche les huées de la presse. C’est immanquable. En 2017, How to Talk to Girls at Parties fut cette oeuvre conspuée. Un an plus tard, la poussière de paillettes est retombée et cette adaptation d’une nouvelle de Neil Gaiman par John Cameron Mitchell prend l’affiche de ce côté-ci de la planète cinéma. Devant la délicieuse excentricité de la proposition, on se demande pourquoi les réactions furent si vives.
Mais peut-être est-ce justement là que le bât a blessé: trop de bizarreries. Question de goût, il faut croire. Campée dans l’Angleterre de Thatcher, versant laissés-pour-compte, l’intrigue relate la rencontre entre un tout jeune homme, artiste punk qui aspire à s’extraire de son milieu, de sa condition, et une charmante extraterrestre qui est elle aussi en faux avec les diktats imposés par les siens.
Leur rencontre survient alors que, croyant se rendre à une fête privée, Enn tombe sur une ménagerie de latex. Vêtus de costumes flamboyants, les occupants s’adonnent à de curieuses chorégraphies, d’autres tiennent des propos cryptiques. Il s’agit d’êtres venus d’ailleurs, ce qu’ignore Enn.
Au même moment, dans une des pièces, l’une de ces créatures n’ayant d’humain que l’apparence se révolte. Elle se prénomme Zan, et elle souhaite assouvir sa curiosité vis-à-vis des Terriens.
À la demande de Zan, Enn la ramène chez lui (ou plutôt chez sa mère), croyant l’aider à échapper à une secte.
Irrésistible Elle Fanning
Alex Sharp, acteur issu du théâtre, est très crédible dans le rôle d’Enn. C’est toutefois Elle Fanning, en Zan, qui emporte l’adhésion. Elle insuffle à un personnage qui aurait pu être ridicule un mélange absolument irrésistible de naïveté et de sincérité.
Tandis que Zan esquive les pressions pour rentrer dans le rang cosmique, Enn affirme ses velléités créatrices… Des parcours de résistance parallèles qui s’unissent pour former la base d’une histoire d’amour empreinte de fantaisie. En toile de fond : une scène punk dominée par une sorte de papesse nihiliste, Queen Boadicea.
Nicole Kidman s’amuse ferme dans ce rôle, elle qui retrouve ici son réalisateur du superbe drame Trou noir (Rabbit Hole). À ce propos, les cinéphiles espérant un film semblable à celui-là en seront quittes pour une déception. How to Talk to Girls at Parties s’inscrit plutôt dans la continuité des premiers longs métrages de John Cameron Mitchell, Hedwig and the Angry Inch et Shortbus, tant par son esprit anticonformiste que par ses préoccupations, tel l’appel de la marge conjugué au besoin d’appartenance.
La réalisation est pleine d’inventivité, la direction photo est ingénieuse et on dénombre quelques numéros musicaux électrisants.
Le film, cela dit, n’est pas sans défauts, loin de là. On sent parfois un certain remplissage dans le scénario, dont les fils ne sont pas tous bien attachés. Le rythme est en outre fort inégal.
Il n’empêche, on a du mal à ne pas sourire entre deux haussements de sourcils. Bref, pas de quoi déchirer sa chemise (de smoking). Dans le genre comédie romantique, on a vu plus convenu.