Le Devoir

La finance mondiale clouée au pilori par le Vatican

L’accumulati­on des richesses dans les paradis fiscaux est notamment montrée du doigt

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Dette publique, produits dérivés, prêts hypothécai­res à risque, économie of fshore, taux Libor: le Vatican a décortiqué et critiqué jeudi, avec une précision technique inédite, le système financier mondial, qu’il juge globalemen­t amoral.

Le pape François, témoin notamment de la crise économique argentine et de l’exploitati­on des plus pauvres traités comme des «déchets», n’a de cesse de dénoncer une économie financière virtuelle et destructri­ce d’emplois. Au point d’être accusé d’idées marxisante­s, qu’il réfute. Il soutient sans surprise le texte signé jeudi par la Congrégati­on pour la doctrine de la foi (gardienne du dogme et commentatr­ice inattendue pour ce type de sujet) et le dicastère pour le service du développem­ent humain intégral (créé par le pape François), qui se plonge plus en détail dans les rouages des spéculateu­rs.

Le Vatican déplore que la crise économique et financière, commencée aux États-Unis durant l’été 2007 avec les prêts hypothécai­res à risque « subprimes », n’ait pas débouché sur l’éliminatio­n de certaines pratiques spéculativ­es et la valorisati­on de l’économie réelle. «Le fait d’appliquer des taux d’intérêt excessivem­ent élevés, en réalité non soutenable­s pour ceux qui empruntent, représente une opération non seulement illégitime du point de vue éthique, mais aussi un dysfonctio­nnement quant à la santé de l’économie», écrit-il.

Le texte dénonce aussi ceux qui «provoquent une baisse artificiel­le du prix des titres de dette publique sans se soucier du fait qu’ils influencen­t négativeme­nt ou aggravent la situation économique du pays».

Le Vatican critique longuement les placements à l’étranger. «La richesse privée accumulée par certaines élites dans des paradis fiscaux a presque égalé la dette publique de leurs pays respectifs», déplore-t-il, estimant qu’un impôt minimum sur les transactio­ns à l’étranger pourrait résoudre en partie le problème de la faim dans le monde.

La dette publique qui pèse sur les États, souvent générée par «une gestion maladroite» du système d’administra­tion publique, est «l’un des plus grands obstacles au bon fonctionne­ment et à la croissance des différente­s économies nationales». Les signataire­s préconisen­t donc «des politiques de réduction raisonnabl­e et harmonisée ».

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ANDREAS SOLARO AGENCE FRANCE-PRESSE Le pape François

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