1389 livres de puissance
Les cloches aussi font de l’ironie. C’est un ancien soldat britannique, le médecin Nelson, qui a fait sonner l’appel aux armes des Patriotes sur la Marguerite-Michel, elle-même fondue en Angleterre. Elle porte d’ailleurs une inscription rappelant cette origine : « Thomas Mears of London Fecit 1802 ».
Le maître fondeur travaillait alors à la Whitechapel Bell Foundry, entreprise qui a fourni la plupart des cloches importées au Québec au XIXe siècle, d’ailleurs souvent coulées par un descendant de Thomas Mears. La fonderie a fermé le 12 juin 2017 après 450 ans de production. Kathryn Hugues y travaillait alors comme fondeuse.
La Marguerite-Michel de 1802 était d’abord destinée à une église de Pierreville. Les paroissiens l’ayant refusée, la cloche, un mastodonte de bronze de 630 kilos, soit 1389 livres, a passé quelques dizaines de mois sur un quai de Sorel avant d’être achetée par Saint-Denis.
Elle a été baptisée, selon une antique coutume, le 1er octobre 1806, peut-être en l’honneur de Michel Gervaise, deuxième missionnaire à avoir desservi Saint-Denis, et de Marguerite Bourgeoys, donatrice à la Congrégation de Notre-Dame, qui avait un couvent dans le village. L’établissement maintenant disparu a servi de refuge aux femmes et aux enfants pendant la bataille du 23 novembre 1837 appelée par la cloche.
La Marguerite-Michel donne la note do dièse. L’installation d’un carillon dans une tonalité dissonante après la construction d’une nouvelle façade en 1922, puis l’adoption de sirènes d’avertissement dans les années 1960 lui ont imposé un quasi-silence jusqu’à sa restauration de 2017.
L’entreprise Umanium, spécialisée dans la valorisation du patrimoine et des expositions, a conçu une installation très originale dans un parc en face de l’église, entre la rivière et le chemin des Patriotes. Les panneaux didactiques tout juste terminés imitent une volée et fournissent de l’information sur la
Marguerite-Michel avec des exemples des différentes sonneries d’une cloche.