La paille et la tortue
Qui n’a pas vu l’image de la petite tortue, une paille en plastique fourrée dans la narine ? Depuis quelque temps, les médias nous inondent d’informations sur la prolifération du plastique, une matière quasiment indestructible et responsable de la mort de milliers d’animaux. Ils nous parlent d’un continent de déchets plastique flottant dans le Pacifique, grand comme la France, l’Espagne et l’Italie réunies. On s’émeut, on s’offusque, on crie au scandale.
Certaines villes et certains États ont décidé d’interdire ou de taxer l’utilisation des sacs en plastique, dont la production atteindrait 500 milliards d’unités dans le monde. Montréal, par exemple, interdit aux commerçants d’offrir à leurs clients des sacs de plastique légers depuis le 1er janvier dernier. Mesures populistes ? Se cherche-t-on une bonne conscience ?
Face aux tonnes de déchets, ces décisions de nos élus dans le monde semblent bien illusoires et dérisoires. Il faudrait s’attaquer à toutes les matières en plastique, à usage unique dans un premier temps, sans tarder. Mais souhaitet-on vraiment prendre des mesures aussi draconiennes… et le peut-on ? N’oublions pas que, dans sa composition chimique complexe se trouve principalement le pétrole, et l’on connaît l’influence de l’industrie pétrolière…
Pourtant, la vie même est menacée. Selon la fondation Ellen MacArthur, le poids des déchets dans les océans sera plus important que celui des poissons en 2050 si rien n’est fait jusque-là. La réponse à ce danger doit être planétaire. Quand bien même le Canada épouserait cette cause, ce serait un coup d’épée dans l’eau face à la consommation outrancière de matières plastiques de certains pays à forte croissance.
L’effort doit porter sur l’éducation. Dans ma famille, nous n’avons pas attendu de voir des images de tortue au nez bouché pour savoir que notre environnement fragile doit être protégé. Ma grand-mère lavait et recyclait les feuilles de plastique des commerçants. Mes parents, lorsque nous étions enfants, nous sermonnaient sévèrement si nous avions la mauvaise idée de jeter un papier de bonbon par terre. Aujourd’hui, mes propres enfants s’offusquent lorsqu’ils voient les gobelets, bouteilles et autres déchets joncher certains parcs et rues de Montréal.
Hier, on s’alarmait de la pollution atmosphérique, des nanoparticules, du réchauffement climatique… De quoi l’actualité environnementale sera-t-elle faite demain ? Battons le fer tant qu’il est chaud ! Jacques Penel Montréal, le 9 juillet 2018