Le Cyclorama ne ressuscitera pas
L’édifice et surtout sa fresque biblique n’ont pas trouvé preneur un an après leur mise en vente
Le Cyclorama de Jérusalem, lieu historique de Sainte-Anne-de-Beaupré, en est à son dernier été — à moins que ses propriétaires actuels ne parviennent enfin à vendre cette singulière rotonde et sa toile.
La famille Blouin, qui possède le Cyclorama, a l’intention de mettre la clé sous la porte à la fin de la saison touristique, le 31 octobre. «Il n’y aura pas d’ouverture au printemps », a attesté mercredi leur agent immobilier, Martin Dostie, confirmant du même coup la nouvelle d’abord rapportée par le quotidien Le Soleil.
« Ils sont rendus à un certain âge. Ils ont décidé qu’ils veulent prendre leur retraite », a expliqué M. Dostie.
Le Cyclorama, un bâtiment circulaire renfermant une immense fresque religieuse, a été mis en vente l’été dernier. Ses propriétaires espéraient le céder aux enchères, à un coût qui avait été estimé à 5 millions.
Or la division des enchères de Sotheby’s «a décidé de ne pas aller de l’avant » avec la vente, a rappelé Martin Dostie. Depuis, c’est silence radio du côté des acquéreurs potentiels.
Dans une tentative de protéger les valeurs « historiques, artistiques et architecturales » du Cyclorama — et devant l’inquiétude provoquée par sa fermeture potentielle —, Québec a signé en août 2017 des avis d’intention de classement pour la toile de 110 mètres de longueur et la rotonde qui l’abrite.
Sur le marché immobilier, les intentions gouvernementales ont cependant été mal reçues, selon Martin Dostie. « Ce qui rebute, le problème, c’est le fait que le produit doive rester au Québec, à Sainte-Anne-de-Beaupré [en raison de l’avis de classement], a-til observé. Est-ce que le marché est intéressant ici, au Canada, au Québec, à Sainte-Anne-de-Beaupré ? Soyons réalistes, ce n’est pas le marché qu’il pourrait y avoir, par exemple, au Texas. »
Québec n’a pas l’intention d’acheter
Au ministère de la Culture, le porte-parole Mathieu Larouche s’est dit mercredi bien conscient de la volonté de la famille Blouin de vendre le Cyclorama. Québec «les accompagne pour essayer de trouver des moyens », a-t-il assuré, sans s’avancer sur la nature de ces moyens.
Chose certaine, le gouvernement n’en est pas rendu à envisager l’achat du bâtiment et de sa toile.
Pour l’instant, le ministère s’assure surtout de l’état de conservation du Cyclorama, installé à Sainte-Anne-deBeaupré en 1895. «Les propriétaires, puisqu’ils sont propriétaires d’un bien classé, doivent s’assurer que le bien demeure dans un état qui est convenable, a rappelé M. Larouche. S’il y a des travaux à faire, ils doivent les faire. Ils peuvent demander de l’aide financière, mais c’est quand même leur responsabilité. »
Le ministère a d’ailleurs confirmé avoir reçu au cours des dernières semaines des factures totalisant 70 000 $ et visant à couvrir les frais de « travaux urgents » récemment effectués par les propriétaires.
Le Cyclorama renferme une oeuvre géante représentant la crucifixion du Christ et offrant un portrait fidèle de ce qu’étaient Jérusalem et sa périphérie à l’époque de Ponce Pilate. La fresque a été conçue au XIXe siècle par le peintre allemand Herr Bruno Piglhein et réalisée sous la direction du Français Paul Philippoteaux. Elle mesure 110 mètres de longueur sur 14 mètres de hauteur. Elle a nécessité quatre ans de travail, pour finalement être achevée en 1882.
Après une courte exposition à Montréal, elle a été installée à Sainte-Annede-Beaupré en 1895.
Québec a signé un avis d’intention de classement de l’oeuvre et de l’édifice