Le Devoir

Dans le labyrinthe du ministère de la Justice

Un document est erronément déclaré inexistant faute de « répondants habituels »

- MARIE-MICHÈLE SIOUI DAVE NOËL À L’ASSEMBLÉE NATIONALE LE DEVOIR

Le ministère de la Justice a erronément conclu qu’une présentati­on PowerPoint réclamée en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics n’existait pas, et ce, parce qu’il ne pouvait compter en cette période estivale sur des employés « habitués » à « faire le repérage de documents ». Dans une décision transmise au Devoir lundi, le ministère a ainsi écrit qu’il ne « détient pas le document en lien avec [notre] demande d’accès ».

Or voilà : non seulement le document existe-t-il, mais le ministère a de surcroît déboursé 1058 $ pour en assurer la création, a-t-il lui-même confirmé lors de l’étude des crédits budgétaire­s en avril.

Après que Le Devoir lui eut remémoré cette dépense, le ministère a retrouvé et transmis, mardi, le document dont il niait l’existence la veille.

La raison de cette première déclaratio­n erronée ? La présence au ministère d’employés « qui ne sont pas habitués à faire le repérage de documents», puisque c’est « la période des vacances », a déclaré la responsabl­e de l’accès aux documents au ministère de la Justice, Marie-Claude Daraiche.

« Ce sont des gens moins habitués, qui n’ont pas fait le tour de roue habituel. C’est une simple question administra­tive, une façon de faire », a avancé l’avocate comme justificat­ion. « Il y a eu une confusion», a-t-elle ajouté. Mais la confusion n’a pas empêché ces mêmes employés de conclure dans une décision formelle, au terme de quatre jours de recherche, que le ministère ne détenait pas le document — en l’occurrence, une présentati­on PowerPoint utilisée dans une formation sur la neutralité religieuse qu’il a lui-même fournie à 18 employés.

Me Daraiche ne se formalise pas de cette situation ayant mené à une conclusion erronée, que Le Devoir a ensuite dû remettre en question. «En fait, l’important, c’est, je pense, qu’on vous a transmis l’informatio­n que vous souhaitiez obtenir », a-t-elle déclaré.

Le cabinet de la ministre responsabl­e de l’Accès à l’informatio­n, Kathleen Weil, n’a pas voulu commenter ce « cas précis ». Un conseiller en communicat­ions du ministère de la Justice, PaulJean Charest, a assuré qu’il s’agissait d’une « erreur de bonne foi ». « Par le passé, il est arrivé que, suite à une décision rendue, de nouveaux documents aient été identifiés. Dans de tels cas, des réponses supplément­aires sont transmises au demandeur », a-t-il déclaré. La procédure d’accès aux documents des organismes publics est inscrite dans la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics. Elle requiert l’envoi d’une demande officielle, puis des employés ministérie­ls responsabl­es de l’accès qui doivent y répondre dans un délai n’excédant pas 30 jours.

La demande formulée par Le Devoir, qui cherchait à obtenir les documents liés à la formation sur la neutralité religieuse dispensée aux fonctionna­ires de l’État québécois, a été envoyée le 18 juillet.

Si sa prise en charge par des employés remplaçant­s pendant la période des vacances a mené à une déclaratio­n fautive, il ne s’agit là que d’une exception, a fait valoir Me Daraiche. « C’est assez rare. […] C’est l’exception, parce que généraleme­nt le repérage est bien fait, il est exhaustif », a-t-elle assuré.

Dans le cas précis du Devoir, «les gens étaient déjà en train de se questionne­r», a-t-elle ajouté, reconnaiss­ant du même souffle qu’il n’existe « pas du tout » de processus formel de révision des décisions à l’interne.

Les demandeurs peuvent en revanche exiger une révision en s’adressant à la Commission d’accès à l’informatio­n, où 2750 demandes sont actuelleme­nt en traitement.

Une erreur de bonne foi PAUL-JEAN CHAREST

 ?? CHRIS YOUNG LA PRESSE CANADIENNE ?? Des centaines de personnes se sont réunies mercredi soir pour une marche visant à se réappropri­er le quartier où a eu lieu l’attaque armée.
CHRIS YOUNG LA PRESSE CANADIENNE Des centaines de personnes se sont réunies mercredi soir pour une marche visant à se réappropri­er le quartier où a eu lieu l’attaque armée.

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