Fusion ratée sur fond de guerre commerciale sino-américaine
Le groupe américain de semi-conducteurs Qualcomm a finalement échoué à mettre la main sur son concurrent néerlandais NXP faute d’accord des autorités chinoises, une transaction qui semble avoir fait les frais de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.
Qualcomm a annoncé jeudi dans un communiqué l’arrêt de l’opération « avec effet immédiat », mettant fin à un projet à rebondissements annoncé en 2016 et qui aurait constitué l’un des plus gros rachats du secteur. Le patron du groupe, Steve Mollenkopf, avait prévenu quelques heures plus tôt qu’il jetterait l’éponge si les autorités chinoises ne donnaient pas leur feu vert avant jeudi, date butoir pour cette opération.
Qualcomm, spécialisé dans les composants pour téléphones portables, espérait initialement boucler fin 2017 cette transaction destinée à étendre ses activités aux marchés porteurs de l’automobile et des objets connectés.
Mais elle a connu de nombreux retards en raison de problèmes réglementaires et semble avoir in fine été une victime collatérale du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, qui s’affrontent à coups de taxes douanières réciproques et qui sont en concurrence frontale dans le domaine technologique. Et selon la presse américaine, ce dossier était bien une des données de l’équation dans le bras de fer entre les deux puissances, même si les responsables chinois et américains se sont bien gardés de le confirmer jeudi.
Interrogé plus de trois heures après l’expiration du délai, le porte-parole du ministère chinois du Commerce Gao Feng a même assuré que ce dossier n’avait « rien à voir avec les frictions commerciales sino-américaines » et n’a pas voulu dire si Pékin avait ou non bloqué l’acquisition. « Je suis très déçu qu’ils n’aient pas eu l’accord du régulateur», a déclaré pour sa part le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, à la chaîne CNBC, tout en assurant «ne pas savoir pourquoi» cette décision avait été prise.
En février, Qualcomm avait relevé son offre de rachat sur NXP au grand dam d’un autre fabricant de semi-conducteurs, Broadcom, qui avait lui-même lancé une OPA hostile sur Qualcomm, bloquée finalement par la Maison-Blanche, arguant de menaces pour la sécurité nationale. Washington estimait que le rachat de Qualcomm par Broadcom — alors basé à Singapour — aiderait des entreprises chinoises à dominer le marché stratégique de l’Internet mobile ultrarapide, la 5G. Un autre groupe tech, le chinois ZTE, s’était retrouvé récemment lui aussi entre les tirs croisés des deux pays. Qualcomm a été mis à l’amende dans plusieurs endroits comme en Corée du Sud, en Chine, à Taïwan ou dans l’Union européenne.