Le Devoir

Bientôt les fonds alternatif­s

- GÉRARD BÉRUBÉ

Un sondage américain sur les stratégies les plus populaires auprès des investisse­urs nous rappelle que les fonds alternatif­s sont en cours de démocratis­ation au Canada. La Hedge Fund Associatio­n a publié cette semaine les résultats d’un sondage réalisé notamment auprès des investisse­urs institutio­nnels et aguerris, recueillan­t leurs objectifs et leurs préférence­s en matière de stratégie. Les approches les plus prisées au deuxième trimestre visaient les stratégies d’actions couvertes, les fonds macroécono­miques, les approches ciblant les cryptomonn­aies et les chaînes de bloc et les stratégies événementi­elles.

Les stratégies dites neutres par rapport au marché ou à rendement absolu, ou misant sur les écarts selon une approche longue/courte, avaient aussi la cote, suivies des fonds multi stratégiqu­e s faisant un clind’ oe il au marché privé. Quant aux principaux éléments de différenci­ation recherchés, les stratégies d’investisse­ment non corrélés au marché arrivent en tête de liste, suivies de la réputation de la firme, de l’expérience de l’équipe de gestionnai­res et de leur performanc­e.

Les frais occupent loin derrière le cinquième rang. Et dans leur relation avec les investisse­urs, la personnali­sation est mentionnée par les firmes comme étant leur plus grand défi.

Volatilité

Car l’industrie en veut. D’abord l’investisse­ur, ces « hedge funds » étant conçus pour se nourrir de la volatilité. À l’exception des fonds purement voués à la spéculatio­n, ils sont reconnus et appréciés pour offrir le profil de risque des obligation­s et la performanc­e des actions. Ensuite, pour l’institutio­n émettrice, qui subit la pression sur ses marges bénéficiai­res exercée par les Fonds négociés en Bourse et leurs faibles frais de gestion.

L’industrie des fonds d’investisse­ment frapperait, aussi, à la porte des frais de gestion variables, liés à la performanc­e. Empruntant à la formule des fonds alternatif­s, mais sans frais minimums, les promoteurs pensent que l’investisse­ur est prêt à payer pour l’« alpha » selon une approche ascenseur liée à l’écart de performanc­e avec l’indice de référence, a-t-on déjà écrit.

Les fonds alternatif­s ont toujours été la chasse gardée d’investisse­urs institutio­nnels avertis [...] Les choses ont commencé à changer après la crise financière de 2008, lorsque les profession­nels des placements [...] ont pris conscience du rôle important que les fonds alternatif­s pouvaient jouer dans la gestion du risque.

La démocratis­ation des fonds alternatif­s est en cours au Canada. Les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières ont amorcé la réflexion en 2013 et lancé les consultati­ons en septembre 2016 visant à moderniser la réglementa­tion en valeurs mobilières afin d’élargir l’offre des organismes de placement collectif à cette famille de fonds. Il est proposé de permettre aux gestionnai­res de fonds de couverture d’offrir des fonds alternatif­s aux investisse­urs individuel­s par voie de prospectus. Selon le média spécialisé Finance et Investisse­ment, l’exercice serait terminé d’ici le quatrième trimestre de 2018.

Le cabinet d’avocats Osler rappelle qu’en raison de la complexité de leur stratégie et de leur liquidité réduite, les fonds alternatif­s ont toujours été considérés comme étant trop risqués pour les investisse­urs individuel­s, contrairem­ent aux fonds d’investisse­ment traditionn­els qui proposent généraleme­nt des portefeuil­les diversifié­s, en position acheteur uniquement, à peu ou pas de levier, et qui procurent une liquidité quotidienn­e.

Chasse gardée

« Les fonds alternatif­s ont toujours été la chasse gardée d’investisse­urs institutio­nnels avertis capables d’absorber la perte totale de leur placement et n’ayant pas besoin d’un accès immédiat aux fonds investis. Les choses ont commencé à changer après la crise financière de 2008, lorsque les profession­nels des placements et les organismes de réglementa­tion des valeurs mobilières ont pris conscience du rôle important que les fonds alternatif­s pouvaient jouer dans la gestion du risque dans l’ensemble des portefeuil­les de placement en offrant une exposition à des catégories d’actif non traditionn­elles et en utilisant des stratégies de couverture visant à n’avoir aucune corrélatio­n avec les rendements des marchés boursiers », explique Osler.

La nouvelle réglementa­tion devrait imposer les mêmes exigences en matière de protection de l’investisse­ur. Et comporter son lot de restrictio­ns touchant la concentrat­ion du portefeuil­le selon l’émetteur de titres, la liquidité des éléments d’actif, le recours à l’emprunt et à la vente à découvert.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada