Laisse tomber les filles
L’increvable Tom Cruise revient sauver le monde dans Mission : impossible. Répercussions, sixième de la série
Ethan Hunt, alias Tom Cruise, est de retour pour une sixième mission impossible… Et prouve de nouveau qu’une telle expression n’a pas sa raison d’être avec lui dans le décor. Cette fois, l’enjeu consiste à retrouver trois bombes atomiques tombées aux mains d’une organisation constituée d’anciens agents secrets non seulement désenchantés, mais convaincus que la bonne suite du monde passe par l’annihilation d’une part importante de la population.
Oui, c’est en somme l’argument du mégalomane joué par Samuel Jackson dans Kingsmen, de Matthew Vaughn, la satire en moins. Car en dépit de touches d’humour salutaires et du reste caractéristiques de la série, Mission: impossible. Répercussions (Mission: Impossible. Fallout) se prend plus au sérieux que ses prédécesseurs. C’est perceptible jusque dans la musique de Lorne Balfe (Ghost in the Shell. Le film), qui décline le thème emblématique de Lalo Schifrin en des variations graves, lesquelles ne sont pas sans rappeler la solennité de certaines pièces de Hans Zimmer dans les films de Christopher Nolan.
Ce parti-pris dramatique est discutable, en cela que les péripéties imaginées par le scénariste et réalisateur Christopher McQuarrie, déjà à la barre du très bon Mission: impossible. La nation rogue (Mission: Impossible. Rogue Nation), sont intrinsèquement aussi improbables qu’elles sont distrayantes.
À ce propos, à l’inverse de l’avantdernier opus justement, les invraisemblances obligées qui ponctuent ce volet-ci sautent aux yeux pendant le film, et non après.
Mince, l’intrigue se voit gonflée, presque jusqu’au seuil de l’éclatement, par un enchaînement quasi ininterrompu de courses-poursuites haletantes
Cruise l’irrésistible
Autre source de décrochage: l’interprétation inégale. En agent de la CIA imposé à Hunt, Henry Cavill (Superman chez DC) joue souvent faux. Dans le rôle de sa patronne, l’habituellement excellente Angela Bassett, présente pour une poignée de scènes, semble pour sa part chercher ses repères faute d’un rôle défini.
Quant à l’increvable Tom Cruise, roi incontesté de la cascade, il demeure parfait dans l’action, mais il ne convainc pas du tout dans les scènes d’émotion. Le côté plaqué de ces passages n’aide pas. Et c’est sans parler de l’attrait irrésistible que la star est censée exercer sur trois personnages féminins différents, excusez du peu. On sourit pour les mauvaises raisons.
D’ailleurs, dans un clin d’oeil au premier film de la saga, une leçon de cinéma signée Brian De Palma, Christopher McQuarrie fait mine de ramener le personnage de Max, courtière interlope mémorablement campée par Vanessa Redgrave à l’époque. Or, plutôt que de ramener la vénérable actrice, le scénario a préféré lui imaginer une descendance. Rien dans l’intrigue n’aurait empêché Redgrave de rempiler, sinon cette apparente nécessité de multiplier le nombre de jeunes femmes tombant aux pieds de Tom Cruise. Sorti de nulle part, le baiser que ce dernier échange avec Vanessa Kirby donne lieu à un moment inconfortablement grotesque. Fin de la parenthèse.
Mince, l’intrigue se voit gonflée, presque jusqu’au seuil de l’éclatement, par un enchaînement quasi ininterrompu de courses-poursuites haletantes. Bien orchestré, voire élégant par moments, le mouvement d’ensemble fonctionne grâce au savoir-faire indéniable de McQuarrie, qui maintient en outre une tension constante.
Peuplé de visages désormais familiers, le film ajoute un méchant «mystérieux» guère difficile à identifier. De la même manière, les incontournables jeux de simulacres avec masques s’avèrent prévisibles, mais indéniablement amusants.
Un constat qui, à terme, s’applique au film lui-même, un divertissement trépidant vite oublié. Les fans y trouveront leur compte, pour peu qu’ils ajustent leurs attentes.
Mission : impossible. Répercussions (V.F. de Mission : Impossible. Fallout) ★★★
Aventures de Christopher McQuarrie. Avec Tom Cruise, Henry Cavill, Rebecca Ferguson, Simon Pegg, Ving Rhames, Alec Baldwin, Vanessa Kirby, Angela Bassett, Michelle Monaghan. États-Unis, 2018, 147 minutes.