Chaud devant !
L’héroïne d’Allison Pearson vit sa périménopause dans la suite de Je ne sais pas comment elle fait
Quinze ans après avoir raconté les tribulations familiales et professionnelles de Kate Reddy, transposées au cinéma en une comédie sentimentale de Doug McGrath mettant en vedette Sarah Jessica Parker (Kate), Greg Kinnear (Richard) et Pierce Brosnan (Jack), Allison Pearson ramène son héroïne angoissée qui doit concilier cette fois travail, famille et périménopause au temps des réseaux sociaux.
À l’instar de la vieille bicoque qu’elle fait retaper à grands frais, le petit monde de Kate semble sur le point de s’écrouler. Sans emploi, transformé en maniaque du vélo, son mari Richard a décidé de se recycler en psychologie et ne jure que par sa gourou Joely. Emily, sa fille de 17 ans, est désespérée depuis que sa meilleure ennemie Lizzie a publié un selfie de son postérieur sur Facebook et que celui-ci est devenu viral. Ben, son fils de 14 ans, ne fait rien d’autre que jouer à Grand Theft Auto.
À presque 50 ans, Kate n’a pas le choix de retourner sur le marché du travail. Comme l’apprend brutalement la quasi-quinqua, une femme à l’aube de la ménopause n’est pas une candidate rêvée pour conquérir le monde de la finance. Afin de se faire embaucher, le temps d’un congé de maternité, dans la firme où elle avait créé un fonds, Kate a donc menti sur son âge en se rajeunissant de sept ans.
Si certains hommes tournent de l’oeil à la mention du mot «menstruation», il y a de forts risques que ce roman léger et prévisible d’Allison Pearson leur tombe des mains. De fait, la journaliste et romancière ne lésine pas sur les détails lorsque vient le temps de décrire les symptômes de la périménopause — que Kate appelle familièrement Perry. On aura même droit à une scène d’anthologie qu’on ose à peine imaginer transposée au cinéma, où l’héroïne lutte contre un flot abondant…
Truffé de courriels désespérés échangés avec les copines, de textos lapidaires envoyés par mari et marmaille et de coups de téléphone d’un beau-père aux prises avec l’état de santé déclinant de sa femme et d’une mère qui ne sait quelle moquette choisir, La nouvelle vie de Kate Reddy traduit parfaitement le train de vie fulgurant d’une femme de carrière qui ne pense qu’au bonheur des autres.
Étourdissant, jamais ennuyant, riche en péripéties loufoques, le roman n’échappe cependant pas aux clichés de la comédie sentimentale et regorge de lieux communs sur la crise d’adolescence et celle de la cinquantaine. Et l’on vous épargne les considérations à saveur féministes où il est davantage question de look que d’esprit.
Outre la perte de libido et le manque de sommeil, Kate doit composer avec sa mémoire défaillante, qu’elle surnomme Roy et qui a la fâcheuse manie de balancer des réponses à ses questions quelques chapitres plus tard — ce qui a le mérite de tenir le lecteur en alerte. Si bon nombre d’intrigues sont télégraphiées plusieurs chapitres à l’avance, on se plaît en compagnie de Kate qui, entre deux bouffées de chaleur, et grâce à la plume acidulée et parfois impitoyable d’Allison Pearson, dédramatise ce sujet tabou que demeure la ménopause.