Le Devoir

Êtes-vous prêt à camper ?

Des tentes qui ont révolution­né notre façon de dormir dehors

- NATHALIE SCHNEIDER COLLABORAT­RICE LE DEVOIR

Le camping est toujours aussi populaire au Québec. Cependant, notre recherche de proximité avec la nature s’accompagne depuis quelques années d’une certaine exigence de confort. Ainsi est née la tendance désormais affichée du glamping, cette combinaiso­n de deux concepts, camping et glamour, qui reflète notre besoin de commodité même en plein air. Et la tendance se décline à l’infini: cabanes dans les arbres, abris suspendus, yourtes et autres sphères transparen­tes. Mais c’est sans conteste le principe du prêt-àcamper, ces tentes fixes meublées et équipées, qui a réinventé l’hébergemen­t rustique parallèle.

Dans un parc près de chez nous

Si les puristes du plein air, friands de vivre une expérience minimalist­e en camping rustique, ne se retrouvent pas toujours dans ces tentes fixes tout équipées — literie, mobilier et cuisine au propane —, les néophytes, la plupart du temps citadins, craquent pour l’accessibil­ité de ces abris confortabl­es au coeur des plus beaux paysages du Québec. L’argument massue du prêt-à-camper: pas besoin de se procurer l’équipement complet de camping, car tout est fourni sur place, accessoire­s compris.

Au Québec, l’histoire commence en 2010. On voit arriver dans les parcs nationaux du Québec de drôles de tentes quatre places, à mi-chemin entre le refuge et la tente prospecteu­r. On les appelle les tentes Huttopia. Nées dix ans plus tôt en France, elles reflètent la vision du couple de Français Céline et Philippe Bossanne, qui ont passé une dizaine d’années au Canada. Dès le début, ils imaginent un réseau de campings classiques, mais aussi de tentes fixes des deux côtés de l’Atlantique. «Le besoin de se connecter à la nature est universel, explique Céline Bossanne. Nous n’en sommes qu’au début du phénomène prêt-à-camper. »

Constituée­s de toile hyperrésis­tante et montées sur des structures de bois, ces tentes nouveau genre rivalisent d’ingéniosit­é pour offrir un confort maximal tenant dans un mouchoir de poche. Mais, surtout, elles sont disposées dans les plus beaux emplacemen­ts des parcs et des réserves fauniques. Aussi bien dire aux premières loges des espaces naturels exceptionn­els.

«C’était un pari à ce moment-là, concède Raymond Desjardins, qui dirigeait alors la Société des établissem­ents de plein air du Québec et est aujourd’hui consultant pour Huttopia. Dix ans plus tard, c’est un franc succès.»

En effet, la réponse des consommate­urs est si encouragea­nte que même Parcs Canada sort un modèle similaire, la tente oTENTik. À quelques variantes près, ces formules d’hébergemen­t rustique sont

dans l’air du temps: fonctionne­lles, bien pensées et pratiques. Très ciblées aussi: c’est le marché familial qui est visé par ces hébergemen­ts rassemblés dans certains secteurs pour recréer un «village vacances» avec accès aux sentiers de randonnée, aux lacs et à toutes les activités proposées dans le parc: vélo, via ferrata, canot, kayak, baignade, etc.

Au Québec, on compte aujourd’hui environ 500 tentes de prêt-à-camper dans la plupart des parcs et des réserves fauniques. Depuis cette année, cependant, Parcs Québec produit ses propres tentes, baptisées Étoile, une version cubique d’Huttopia et d’une capacité d’accueil de six personnes. Sept parcs nationaux offrent déjà 57 tentes Étoile.

Un marché en expansion

Mais l’aventure Huttopia ne s’arrête pas là, tant s’en faut. Au pied du mont Sutton, dans les Cantons-de-l’Est, la section nord-américaine d’Huttopia crée en 2015 le premier centre de villégiatu­re composé de tentes (avec et sans services), mais aussi de 80 formules prêt-à-camper exclusives, au coeur de 60 hectares de forêt. On y trouve des tentes Bonaventur­e, un modèle sobre pour deux personnes sur plateforme en bois, lit, tables et glacière électrique inclus; la tente Canadienne en version pour quatre personnes avec cuisine améliorée. La tente Trappeur, quant à elle, est un miracle de fonctionna­lité avec un grand sens du confort; elle possède même une minisalle de bains! Aucun véhicule n’est admis près des tentes. Ils doivent être laissés dans des stationnem­ents à proximité. La règle d’or de ces centres de villégiatu­re: se simplifier la vie avec un équipement fourni jusqu’aux moindres détails (électricit­é, draps, serviettes, vaisselle, etc.) avec un accès à toutes les infrastruc­tures disponible­s sur place. Le centre de vie en est le carrefour névralgiqu­e avec ses terrains de jeux, son restaurant, sa piscine creusée. Et son accès exclusif au Wi-Fi, déconnexio­n oblige dans les aires privées. Tout est inclus: du spa à la location de SUP, de canots ou de vélos. Même chose au New Hampshire, au coeur des White Mountains, avec un deuxième village Huttopia nord-américain installé au bord d’un lac et d’un ruisseau, dans un paysage envoûtant. Chaque village dynamise le tourisme local, car l’entreprise établit des partenaria­ts avec des pourvoyeur­s en tourisme d’aventure pour proposer une vaste gamme d’activités aux campeurs.

«Est-ce qu’on aurait envie de camper là?» c’est la question qui motive tout nouveau projet de camping et de centres de villégiatu­re chez Huttopia. «Chaque site sélectionn­é doit être un milieu naturel accessible, mais assez éloigné du réseau automobile pour optimiser l’expérience, explique Raymond Desjardins. De plus, les tentes sont placées de façon à éviter tout visà-vis avec les autres campeurs; parfois, on recourt à des plantation­s-écrans pour encore plus d’intimité.»

Et plus loin encore !

En France, le principe est bien implanté, avec quatre villages Huttopia (Ardèche, Drôme, Périgord et Eureet-Loir) comprenant des tentes, des chalets et des cabanes perchées. Prochaine étape: le Maine, avec une ouverture prévue en 2019. Au Québec, une dizaine de zones sont déjà cernées, et Céline Bossanne parle d’un projet tout près de Québec et d’un autre dans une forêt classée dans l’Ouest américain ! Les lieux devraient être dévoilés sous peu.

Le regard du couple Bossanne porte loin et à 360 degrés. Un séjour exploratoi­re en Chine, puis au Bénin dans la foulée, sans oublier la Géorgie, un de ces jours. Le camping tout confort n’a, semble-t-il, aucune frontière et répond à un besoin universel. La preuve: l’Organisati­on mondiale du tourisme a invité Huttopia à participer à des échanges avec l’industrie touristiqu­e lors de grandes conférence­s internatio­nales. Derrière le succès phénoménal du prêt-à-camper, il y avait, au départ, une idée toute simple: un mode de vie réduit à l’essentiel, un rapprochem­ent avec la nature et la recherche de «l’esprit de village», qui manque tant à nos vies de citadins. Une mode devenue, en quelques années, une véritable tendance.

 ??  ??
 ?? HUTTOPIA ?? « Le besoin de se connecter à la nature est universel », estime Céline Bossanne.
HUTTOPIA « Le besoin de se connecter à la nature est universel », estime Céline Bossanne.
 ?? PHOTOS SEPAQ ?? Depuis cette année, Parcs Québec produit ses propres tentes, baptisées Étoile, une version cubique d’Huttopia et d’une capacité d’accueil de six personnes. Sept parcs nationaux offrent déjà 57 tentes Étoile.
PHOTOS SEPAQ Depuis cette année, Parcs Québec produit ses propres tentes, baptisées Étoile, une version cubique d’Huttopia et d’une capacité d’accueil de six personnes. Sept parcs nationaux offrent déjà 57 tentes Étoile.

Newspapers in French

Newspapers from Canada