La mobilité est meilleure à Québec qu’à Gatineau
Le temps de transport entre la maison et le travail a augmenté dans la Vieille Capitale, mais il reste en deçà de ceux enregistrés à Montréal et à Gatineau
Alors que le projet d’un troisième lien routier fait son chemin à Québec, c’est désormais une personne sur dix qui met plus de 45 minutes à se rendre au travail matin et soir dans la région. Une statistique en augmentation, mais qui demeure éloignée de la réalité de Gatineau et de Montréal, où cette proportion dépasse souvent les 20 %.
Le gouvernement du Québec dévoilait mardi les cinq parcours à l’étude pour un troisième lien entre Québec et Lévis. À moins de dix jours du déclenchement des élections, la ministre déléguée aux Transports, Véronyque Tremblay, a dit vouloir « marquer l’imaginaire » des résidents en présentant ainsi les cinq corridors à l’étude, dont quatre sont à l’est des ponts, et un seul à l’ouest. Des cinq corridors, les libéraux ont demandé que deux soient éliminés d’ici la fin de l’année.
Rappelons que les libéraux et la Coalition avenir Québec (CAQ) se sont tous deux engagés à construire un troisième lien. Pour le justifier, les libéraux ont notamment fait valoir mardi que le transport par camion était appelé à croître dans la région et que le nombre de véhicules empruntant les ponts avait augmenté entre 2011 et 2017 (de 154 000 à 159 000).
Temps de transit sous la moyenne
Pourtant, des données issues du dernier recensement révèlent que le temps des déplacements entre la maison et le travail est moins important qu’on pourrait le croire dans la région.
Ainsi, à l’heure actuelle, dans les onze circonscriptions touchées par un éventuel troisième lien, entre 8 et 11 % des gens mettent plus de 45 minutes à se rendre au travail. Les résidents de
Montmorency et Chauveau sont ceux pour qui c’est le plus long (11,3 et 11,7 %). À l’inverse, c’est dans Vanier et Taschereau qu’on patiente le moins à l’heure de pointe (6,5 et 6,7 %).
Or c’est bien en deçà de la moyenne québécoise, qui s’élève à 18 %. On s’en doute : la moyenne est tirée vers le haut par la métropole. Dans la plupart des circonscriptions de Montréal et sa couronne, entre 20 et 25 % des gens mettent 45 minutes à se rendre au boulot matin et soir. Dans La Fontaine, au nord de l’île, on parle même d’une personne sur trois (36,9 %).
Ailleurs au Québec, la durée de déplacement est également plus longue à Gatineau, avec 21,9 % des travailleurs qui passent la barre des 45 minutes.
Outre la durée de déplacement, Statistique Canada montre aussi à quels endroits les gens partent le plus tôt pour aller travailler ainsi que la proportion de travailleurs qui voyagent en voiture.
Ainsi, une personne sur quatre au Québec quitte son foyer avant 7 h le matin pour aller travailler. Dans la région de Québec, on dépasse la moyenne dans certains secteurs (Chauveau, La Peltrie, Montmorency), mais on se situe loin en dessous dans d’autres, comme Jean-Talon, avec 11 %, et Vanier, avec 12 %.
Pour ce qui est de la proportion des gens qui conduisent pour aller travailler, huit des onze circonscriptions de la région de la capitale dépassent la moyenne québécoise de 74,6%. À nouveau, c’est dans Chauveau, Chutesde-la-Chaudière et La Peltrie que la proportion de conducteurs est la plus forte, avec plus de 85 %. Une statistique toutefois surpassée par celles de Dubuc, Maskinongé, Rousseau et Prévost, où on dépasse la barre des 90 %.
Le projet de troisième lien vise notamment à réduire la congestion automobile aux heures de pointe, mais certains de ses partisans plaident aussi qu’il pourrait constituer un formidable outil de développement économique.
Réduire la congestion routière
Le Bureau de projet du troisième lien Québec-Lévis doit terminer une étude des besoins, suivie d’une étude des solutions qu’il remettra au gouvernement en 2020. Le parti de Philippe Couillard prévoit de commencer la construction en 2026. « Ça peut sembler long, mais contrairement à ce que certains vous promettent, cet échéancier est optimiste et réaliste », a déclaré Mme Tremblay en parlantd’un projet « colossal ».
Or pour la Coalition avenir Québec, ça ne va pas assez vite. « 2026, c’est dans trois élections. C’est vraiment le festival du n’importe quoi », a réagi en fin de journée le député de Lévis, François Paradis. « C’est la démonstration que dans ce dossier-là, il n’y a pas de volonté politique. »
Rappelons que la CAQ s’est engagée à commencer la construction de l’ouvrage d’ici quatre ans.
Quant au Parti québécois et à Québec solidaire, ils ne voient pas la nécessité d’un tel projet. Québec solidaire y voit uneprojet « passéiste » et « digne du XIX siècle », alors que le Parti québécois estime qu’il est prématuré d’appuyer le projet avant que des études aient évalué sa pertinence.
En plus du troisième lien, divers projets sont en préparation pour faciliter la circulation, dont l’élargissement des autoroutes Laurentienne et Henri-IV ainsi que le projet de tramway piloté par le maire de Québec, Régis Labeaume.
Dans la plupart des circonscriptions de Montréal et sa couronne, entre 20 et 25 % des gens mettent 45 minutes à se rendre au boulot matin et soir