Le Devoir

Avortement, liberté d’expression et bilinguism­e au menu conservate­ur

- CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA HÉLÈNE BUZZETTI

Les débats au congrès bisannuel du Parti conservate­ur (PC), la semaine prochaine à Halifax, risquent d’être passionnés. Les militants reviendron­t à la charge pour inscrire dans le programme de la formation leur opposition à l’avortement. Ils proposeron­t de s’opposer à un élargissem­ent de l’aide médicale à mourir, s’attaqueron­t aux pronoms inventés pour désigner les personnes transgenre­s et remettront en question certains acquis syndicaux.

Soixante-seize résolution­s seront débattues au congrès lors de séances ouvertes aux médias — une première pour les conservate­urs. Deux d’entre elles proposent de biffer du programme du parti l’engagement de ne pas présenter de loi sur l’avortement et de remplacer ce passage par la reconnaiss­ance que « la protection de la vie d’un enfant à naître est un objectif législatif tout à fait valable ».

Une troisième résolution propose que l’avortement soit « explicitem­ent exclu » de l’aide internatio­nale du Canada. En 2010, le gouverneme­nt de Stephen Harper, hôte du Sommet du G8, avait créé la controvers­e en décidant que son initiative phare sur la santé maternelle exclurait les interrupti­ons volontaire­s de grossesse.

Des militants de la Saskatchew­an demanderon­t que le PC s’oppose à l’élargissem­ent de l’aide médicale à mourir aux mineurs, aux personnes atteintes d’une maladie mentale et aux personnes ayant signifié leur désir de mourir mais devenues inaptes par la suite.

Ce débat reviendra à l’ordre du jour sous peu, car ces trois cas de figure avaient été écartés de la loi adoptée en 2016. Le gouverneme­nt a commandé des consultati­ons sur le sujet dont les résultats doivent être publiés en décembre.

Pronoms transgenre­s

Les conservate­urs semblent par ailleurs bien mal tolérer la montée d’une certaine gauche militante voulant « dégenrer » la langue ou interdire les discours contraires aux siens. Une des résolution­s qui seront débattues à Halifax clame que « toute forme de discours forcé est une violation de la Charte des droits et libertés ».

Une autre résolution propose d’abroger la loi ayant ajouté « l’identité ou

Une résolution propose que l’avortement soit « explicitem­ent exclu » de l’aide internatio­nale du Canada

l’expression de genre » aux motifs interdits de discrimina­tion. Les militants ontariens à l’origine de cette résolution estiment que cette mesure législativ­e, adoptée l’an dernier, « oblige les Canadiens à utiliser les pronoms [inventés] iel et ille ».

Ces mêmes militants proposent de retirer les subvention­s fédérales aux université­s qui ne défendraie­nt pas la liberté d’expression sur leur campus.

Des militants de la Nouvelle-Écosse proposent d’inscrire dans le programme conservate­ur que les juges nommés à la Cour suprême « doivent parler, lire et écrire couramment le français et l’anglais ».

Si la résolution était adoptée, elle constituer­ait un revirement majeur pour le PC, qui s’est toujours opposé au bilinguism­e obligatoir­e des juges au nom de la préséance devant être accordée à la compétence.

M. Harper avait d’ailleurs nommé deux juges unilingues, Marshall Rothstein et Michael Moldaver.

Enfin, des militants de Lac-SaintLouis semblent s’inspirer des débats faisant rage aux États-Unis en proposant que les syndiqués aient le droit de ne pas payer la part de leurs cotisation­s syndicales qui n’est pas « directemen­t utilisée pour la négociatio­n collective ou les avantages des travailleu­rs ».

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