Le Devoir

Une enquête accuse 300 prêtres de pédophilie |

- THOMAS URBAIN À NEW YORK AGENCE FRANCE-PRESSE

Une enquête des services du procureur de Pennsylvan­ie publiée mardi a mis au jour des agressions sexuelles perpétrées par plus de 300 « prêtres prédateurs » et couverts par l’Église catholique de cet État, dont ont été victimes au moins mille enfants.

Le rapport final, rédigé par un jury populaire auquel avaient été soumises les conclusion­s de l’enquête, indique que « pratiqueme­nt tous les cas » allégués sont aujourd’hui frappés par la prescripti­on et ne peuvent être poursuivis pénalement.

En procédure pénale américaine, le ministère public peut soumettre des faits à un jury populaire, qui décidera s’il y a ou non matière à poursuites.

Deux prêtres ont néanmoins été inculpés, l’un pour des agressions sexuelles répétées sur plusieurs enfants, dont les plus récentes remontent à 2010.

L’autre prêtre, accusé d’agression sur un enfant de 7 ans, a plaidé coupable fin juillet, mais le chef d’accusation retenu est un délit et non un crime et n’est passible que de cinq ans d’emprisonne­ment au maximum.

Les jurés ont également choisi de rendre publics les noms de dizaines d’hommes d’Église accusés de pédophilie par des éléments de l’enquête, même s’ils ne sont plus passibles de poursuites.

Le rapport évoque des agressions sexuelles dont certaines victimes présumées avaient moins de dix ans.

Ce n’est pas la première fois qu’un jury populaire publie un rapport dévoilant des cas de pédophilie au sein de l’Église catholique américaine, mais jamais une enquête n’avait révélé autant de cas.

« Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes d’Église qui étaient leurs responsabl­es n’ont rien fait. Durant des décennies », ont écrit les membres du jury dans le rapport publié mardi.

De nombreuses anecdotes, figurant dans le rapport, dépeignent une hiérarchie ayant souvent eu une démarche active pour ne pas ébruiter les cas d’agressions sexuelles et pour protéger les auteurs de ces agressions.

Lors d’une conférence de presse mardi, le procureur de Pennsylvan­ie Josh Shapiro a également souligné que l’enquête avait mis en cause l’attitude de plusieurs policiers refusant d’enquêter sur des accusation­s visant des prêtres.

Malgré des réformes institutio­nnelles, « les hauts responsabl­es de l’Église ont le plus souvent échappé à leurs responsabi­lités », poursuit le rapport.

Des évêques et des cardinaux « ont, pour l’essentiel, été protégés. Beaucoup, dont certains sont nommés dans ce rapport, ont été promus ».

« Nous aimerions tous que d’autres inculpatio­ns soient possibles, mais la manipulati­on de nos faibles lois par l’Église a mis trop de prédateurs hors de portée », a commenté M. Shapiro.

Selon l’organisati­on Bishop Accountabi­lity, 6721 prêtres ont été accusés d’agressions sexuelles aux États-Unis pour des faits présumés s’étant produits de 1950 à 2016.

Ce n’est pas la première fois qu’un jury populaire publie un rapport dévoilant des cas de pédophilie au sein de l’Église catholique américaine, mais jamais une enquête n’avait révélé autant de cas

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