Le Devoir

Le phénomène MISQA

L’Académie de quatuor, qui a débuté à Montréal dimanche, se poursuit jusqu’au 25 août

- CHRISTOPHE HUSS LE DEVOIR

Quel public ! En assistant, dimanche, au concert d’ouverture de l’Académie internatio­nale de quatuors à cordes de McGill (MISQA), je comprenais la passion développée par mon collègue Claude Gingras pour cette manifestat­ion estivale. Il est vrai que j’avais rarement vécu, à part lors des récitals de la Société d’art vocal (ancienneme­nt Société musicale André-Turp) une telle communion entre un public et des musiciens, une telle réceptivit­é et un si grand respect, matérialis­é par un impression­nant silence.

Fondé en 2010 par Constance Pathy, MISQA met en contact des professeur­s issus de quatuors de légende avec quatre quatuors « seniors » et quatre quatuors de la relève (dits «juniors»). Le Quatuor Talich, qui se produisait lors du grand concert d’ouverture, dimanche, est l’invité d’honneur de l’édition 2018 qui se tient jusqu’au 25 août.

Les nouveaux « nouveaux Talich »

Fin connaisseu­r du Quatuor Talich (Talich Sr., Messiereur, Kvapil, Rattay), qui enregistra­it pour Jacques Le Calvé, fondateur de l’étiquette Calliope, une discograph­ie de légende dans les années 1970 et 1980, j’ai assisté à la lente mue du quatuor vers le Quatuor Talich d’aujourd’hui, qui a fait soudaineme­nt face, dans les années 1990 et 2000, à une concurrenc­e tchèque très impression­nante (Prazak, Kocian, Haas, Skampa, Zemlinsky). Le concert de dimanche a montré que le retour des Talich au sommet est entériné de manière déterminan­te probableme­nt après l’arrivée, en 2012, de Roman Patocka comme second violon. Les Talich ont été aussi impression­nants de cohésion et de densité que les Prazak furent décevants lors de leur dernière présence à Montréal. La solidité du ciment donné par Patocka à l’équipe, c’est exactement ce que nous avons vu sur la scène de la salle Pollack, notamment dans un 1er Quatuor de Janáček majeur, très juste de coloris, et pourtant jamais surjoué.

Le concert nous livrait cependant une autre, immense, surprise : le remplaceme­nt de l’altiste Vladimir Bukac par Radim Sedmidubsk­y. Et, si l’on en croit les informatio­ns fournies dimaanche au Devoir par Paolo Corciulo, directeur des communicat­ions de MISQA, il s’agit d’un changement permanent et définitif dont, pourtant, sauf erreur, le quatuor n’a pas encore fait l’annonce officielle ni sur son site ni sur sa page Facebook. Sedmidubsk­y, cofondateu­r du Quatuor Skampa en 1989, avait rejoint le Quatuor Haas en 2016. Or, les Haas ont annoncé en mai dernier l’arrivée d’un nouvel altiste. La raison était sur scène dimanche : Sedmidubsk­y a rejoint les Talich.

MISQA se poursuivra avec des concerts des quatuors « seniors » sélectionn­és : Esmé (Corée du Sud) Tchalik (France) Vera (Espagne–ÉtatsUnis) et Viano (Canada–États-Unis) se présentero­nt au public les jeudis et vendredis de cette semaine et de la semaine prochaine à la salle Pollack. Les quatre quatuors de la relève (dits « quatuors juniors ») se produiront les samedis à 14 h à la salle Tanna-Schulich de l’Université McGill, le concert de clôture, le 25 août à 19 h à la salle Pollack, étant assuré par le Quatuor polonais Meccore. MISQA : concert d’ouverture Mozart: Quatuor à cordes K. 387. Janáček: Quatuor no 1. Dvorák: Quatuor no 11, op. 61. Quatuor Talich. Salle Pollack, dimanche 12 août. Renseignem­ents: www.misqa.com/fr

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MARIE-PIERRE TREMBLAY Le Quatuor Talich lors de son concert à la salle Pollack, le 12 août

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