Le Devoir

Première exécution d’un prisonnier au fentanyl

- AGENCE FRANCE-PRESSE À CHICAGO NOVA SAFO

L’État du Nebraska a procédé mardi matin à la première exécution aux ÉtatsUnis d’un prisonnier par une injection létale contenant du fentanyl, un opiacé puissant à l’usage controvers­é.

Carey Dean Moore, 60 ans, avait été condamné à mort pour le meurtre de deux chauffeurs de taxi en 1979.

Son décès a été prononcé à 10 h 47. L’exécution a duré une vingtaine de minutes, a indiqué Scott Frakes, directeur du Départemen­t des services pénitentia­ires du Nebraska.

« Je reconnais que l’exécution d’aujourd’hui touche de nombreuses personnes à plusieurs niveaux», a-t-il ajouté, précisant qu’elle avait été menée avec « profession­nalisme, respect de la procédure et dignité pour toutes les parties impliquées ».

« Calme et posé », selon les médias présents sur place, Moore s’est tourné vers ses proches, notamment son frère, pour leur demander pardon et leur adresser ses derniers mots, “je vous aime”, à trois reprises.

On lui a ensuite administré un cocktail de quatre substances, dont trois n’avaient encore jamais été utilisées lors d’une exécution : le sédatif diazépam, le puissant analgésiqu­e fentanyl, le relaxant musculaire cisatracur­ium et du chlorure de potassium, qui arrête le coeur.

Usage décrié

L’usage du fentanyl, responsabl­e de dizaines de milliers de morts par overdose aux États-Unis, est particuliè­rement décrié. Cet opiacé est cinquante fois plus puissant que l’héroïne et près de cent fois plus puissant que la morphine.

Dans le but de protéger sa réputation, le laboratoir­e pharmaceut­ique allemand Fresenius Kabi avait engagé une procédure judiciaire pour bloquer l’exécution de Moore, affirmant que le Nebraska avait illégaleme­nt obtenu des produits auprès de sa société. Une tentative rejetée par un tribunal fédéral, qui a donné lundi son feu vert à l’exécution.

Les cocktails létaux sont devenus difficiles à obtenir en raison de l’opposition du public et de la réticence, ou de l’hostilité pure et simple, des laboratoir­es pharmaceut­iques à les vendre aux prisons pour procéder à des exécutions.

L’ACLU, puissante organisati­on américaine de défense des droits civiques, avait demandé lundi à la justice du Nebraska le report de l’exécution de Moore.

Les avocats ont argué que sa peine avait été automatiqu­ement commuée en peine de prison à perpétuité en 2015 quand le Nebraska a aboli la peine capitale, un an avant que les électeurs la rétablisse­nt par référendum.

Carey Dean Moore, qui a passé 38 ans dans le couloir de la mort, avait fait savoir qu’il ne voulait plus que l’exécution soit reportée.

Les cocktails létaux sont devenus difficiles à obtenir en raison de l’opposition du public et de la réticence, ou de l’hostilité pure et simple, des laboratoir­es pharmaceut­iques à les vendre aux prisons pour procéder à des exécutions

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