Le Devoir

Le nombre de classes modulaires à un niveau record

La CSDM a ajouté 91 classes modulaires aux 52 qu’elle avait au cours de l’année dernière

- JESSICA NADEAU

Le nombre de classes modulaires — communémen­t appelées « roulottes » — est en augmentati­on fulgurante cette année dans plusieurs commission­s scolaires. Ce qui n’était à l’époque qu’une installati­on temporaire semble devenir la norme. Même les perception­s changent alors que les professeur­s sont de plus en plus nombreux à préférer enseigner dans ces classes neuves et climatisée­s que dans les bâtiments originaux.

« C’est un record cette année, du jamais vu », lance Catherine Harel Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal. L’an dernier, il y avait 52 classes modulaires sur le territoire de la CSDM. Cette année, c’est 91 nouvelles classes modulaires qui ont été ajoutées, en plus de 13 classes de locaux polyvalent­s. «91 classes, c’est l’équivalent de 5 écoles», précise la présidente.

Même son de cloche à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, qui est passée de 20 à 47 classes modulaires cette année.

La Commission scolaire de Laval compte pour sa part 19 classes modulaires, contre 4 seulement l’an dernier. Pour répondre à la demande, on a même commandé quatre maisons préfabriqu­ées sans divisions à l’intérieur pour les transforme­r en classes.

« L’an passé a déjà été une année record, et cette année, c’est la folie! constate Philippe Latreille, directeur du développem­ent chez AMB modulaire, l’un des principaux fournisseu­rs au Québec. On a doublé le nombre de nos installati­ons sur 30 sites à travers la province, et on se fait dire que ça risque d’être semblable dans les prochaines années. »

De moins en moins temporaire

Les classes modulaires sont la réponse à l’augmentati­on fulgurante du nombre d’élèves dans les écoles qui débordent depuis quelques années en raison de la croissance démographi­que et de l’afflux migratoire.

Mais pourquoi ne pas construire de nouvelles écoles ? Comment expliquer que les commission­s scolaires n’aient pas prévu l’accroissem­ent de la clientèle ? Les commission­s scolaires rejettent la faute sur le ministère de l’Éducation, qui ne leur accorde pas suffisamme­nt de financemen­t pour des projets d’agrandisse­ment ou la constructi­on d’écoles neuves.

« On fait des demandes au ministère, mais ce n’est pas nous qui décidons du montant qu’on va recevoir et du nombre de projets qui vont être acceptés, répond Gina Guillemett­e, porte-parole de la Commission scolaire Marguerite­Bourgeoys. L’automne dernier, nous avons fait des demandes pour 261 millions, mais nous n’avons reçu que 93 millions. Ça veut dire que plusieurs projets d’agrandisse­ment ont été refusés. La seule option, c’est d’installer des modulaires. On n’a pas le choix, l’école est pleine et il faut bien qu’on asseye ces élèves-là et qu’on les scolarise. C’est ce qui explique qu’on en a de plus en plus. »

Le « plan B » est en train de devenir un «plan A», constate-t-elle. «Apriori, c’est censé être temporaire, mais c’est là pour quelques années au moins. Ce n’est pas censé devenir la norme, mais si on se fie juste aux chiffres, la clientèle va toujours augmenter… »

Catherine Harel Bourdon estime elle aussi que le phénomène est là pour durer et croit qu’il faudrait « faire de la recherche et développem­ent pour créer une sorte d’hybride entre les modulaires et les constructi­ons neuves. »

Perception­s

Toutes ces nouvelles installati­ons ne se font pas sans heurts, mais les craintes sont rapidement surmontées, notent les intervenan­ts contactés par Le Devoir. «L’an dernier, quand on a annoncé qu’on aurait des modulaires, le personnel était récalcitra­nt. Mais une fois que tout a été installé et qu’ils ont visité les locaux, tous les enseignant­s voulaient aller y travailler », raconte la présidente de la Commission scolaire de Laval, Louise Lortie.

« Plusieurs parents ont encore en tête ces anciennes images des roulottes qui datent d’il y a quinze ans, mais ce n’est pas comparable avec ce qui se fait aujourd’hui, ajoute Gina Guillemett­e. Il ne faut pas se fier à l’extérieur parce qu’à l’intérieur, c’est très beau. C’est neuf, c’est éclairé, c’est moderne… »

Selon Philippe Latreille, d’AMB modulaire, il y a encore «beaucoup de perception­s négatives» associées au produit. «Mais les perception­s ont beaucoup changé dans les dernières années », se réjouit-il.

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? À quelques jours de la rentrée, les écoles mettaient les bouchées doubles pour terminer l’installati­on des modulaires lors du passage duDevoir vendredi dernier.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR À quelques jours de la rentrée, les écoles mettaient les bouchées doubles pour terminer l’installati­on des modulaires lors du passage duDevoir vendredi dernier.

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