Le Devoir

Inspirer

- ISABELLE PORTER

L’état de l’économie, aussi bon soit-il, n’assurera pas à Philippe Couillard un second mandat. Le chef du Parti libéral doit trouver une façon d’inspirer les électeurs s’il ne veut pas être balayé par la volonté de changement qui souffle sur le Québec.

« Aucun gouverneme­nt ne peut se faire élire sur la simple base qu’il a un bon bilan. Il doit proposer des nouveaux engagement­s pertinents et réfléchis », soutient le directeur associé de la firme de relations publiques National Luc Ouellet.

« Il doit incarner le renouveau et c’est d’autant plus difficile qu’il n’a pas réussi à recruter l’équipe de candidats de haut niveau qu’il nous avait promis », poursuit l’ancien stratège libéral.

Dans les rangs du parti, on se félicite de l’augmentati­on du nombre de Québécois qui ont un médecin de famille, de l’absence de déficit, du nombre d’emplois créés au Québec pendant le mandat et de la réduction des taux d’intérêts sur la dette.

Or, la volonté de changement, lorsqu’elle s’impose, est « dangereuse », résume une ancienne élue libérale.

D’autant plus que la bonne santé économique peut se retourner contre les libéraux puisque les électeurs ont désormais moins peur de prendre des risques en misant sur un nouveau parti.

Dans ses propres rangs

Même dans les rangs des libéraux, on « magasine », remarque cette source.

« C’est la première fois en 50 ans que les militants et organisate­urs libéraux se sentent à l’aise de magasiner [du côté de la CAQ ]. Avec le Parti québécois il n’y avait pas ça. » Il s’agit dès lors d’inspirer non seulement les électeurs, mais les troupes elles-mêmes.

« On me dit qu’il n’y a pas vraiment de vie de caucus. La politique, c’est profondéme­nt humain », poursuit l’ancienne élue. Une impression renforcée lors de l’épisode François Ouimet.

Plus que jamais le PM doit contrer son image de politicien froid et calculateu­r. « Ça l’a affecté énormément », raconte une source. « Il a eu l’air d’un faux frère », de renchérir une autre.

Mais sans forcer la note, croit un autre ex-élu. « Tout le monde dit qu’il n’est pas chaleureux. Mais tu ne peux pas transforme­r quelqu’un pendant une campagne électorale. Quand ce n’est pas naturel, ça paraît. »

Faire perdre l’autre

Enfin, à défaut de pouvoir surmonter ses faiblesses, Philippe Couillard peut tabler sur celles de François Legault. « Son gros défi, c’est de faire en sorte que François Legault commette des gaffes. »

D’autres parlent de mettre à l’épreuve le programme de la Coalition avenir Québec (CAQ), de tester s’il est réaliste. Bref, inspirer, rassembler et… attaquer.

« À défaut d’avoir pu développer un lien avec l’électorat, M. Couillard va devoir montrer concrèteme­nt que son principal adversaire n’a pas l’étoffe d’un premier ministre », résume Luc Ouellet. « Autrement dit, pour gagner l’élection, Philippe Couillard doit faire perdre François Legault. »

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