S’imposer
S’ils avaient à résumer en quelques mots le plus grand défi qui attend le chef péquiste Jean-François Lisée en campagne électorale, ses collaborateurs et ex-stratèges diraient tout simplement : « être dans la game ».
Et pour faire partie de la conversation, le chef du Parti québécois doit marteler son message et éviter à tout prix de s’éparpiller, insiste un ex-collaborateur péquiste. « Jean-François Lisée manque de discipline. Avec lui, il y a du nouveau tous les jours. Il manque de répétition et devient illisible », dit-il.
Déjà, dans les années 1990, le chef de cabinet de Jacques Parizeau, Jean Royer, soulevait le pendant négatif de l’imagination fertile du conseiller Lisée. « Il a dix idées par jour. Le problème, c’est de trouver la bonne ! » lançait-il alors.
En campagne, le chef péquiste devra donc « s’en tenir à quelques priorités », croit un stratège. « Il doit rester sur son message, ne pas sortir de lapin de son chapeau », poursuit un autre. Il doit faire preuve de « cohérence et de rigueur », ajoute un de ses proches collaborateurs.
Pour cela, le conseiller-chercheur-journaliste-stratège devra accepter de n’assumer qu’un seul rôle : celui de chef. « Il doit faire confiance à son équipe. La campagne est très bien organisée », atteste un membre du PQ.
« Il ne doit pas chercher à tout décider lui-même », poursuit un ex-collaborateur. Pendant qu’il s’implique dans une multitude de décisions, « il n’est pas chef », fait-il remarquer. Autre avantage : « En mettant son équipe en vedette, il va pouvoir prouver sa vitalité », croit un ex-élu péquiste. « Il pourra faire la démonstration que, dans son camp, il y a plus de monde [qu’à la CAQ] prêt à gouverner. »
Éviter une joute PLQ-CAQ
De Jean-François Lisée, des proches comme des ex-collaborateurs louent le « côté guerrier » et la « force morale » — celle-là même qui l’a mené à la tête du PQ lors de la course à la chefferie de 2016. Or, pour séduire les électeurs, cette qualité devra cohabiter avec le « côté givré » du chef, conviennent les observateurs. « On doit faire connaître sa vraie personnalité. […] C’est quelqu’un qui est profondément le fun, qui est sympathique », assure la directrice des communications du PQ, Antonine Yaccarini.
D’un sondage à l’autre, les intentions de vote pour le Parti québécois (PQ) voisinent avec les 20 %, le plaçant derrière le Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec. Dans le contexte, « il n’y a rien de plus tragique que d’être relégué à la fin des topos, résume un stratège. C’est mortel ».
Désormais, il sera « primordial de briser le schéma qui fait en sorte que la première réaction aux propos du Parti libéral que les gens vont chercher, c’est celle de la CAQ », avance un ex-élu péquiste. En clair, « on doit réussir à passer nos messages », reconnaît Antonine Yaccarini. « La campagne électorale sera vraiment un moment charnière pour nous. C’est notre chance de réussir à faire connaître nos mesures parce que les gens sont très à l’écoute. »