Le Devoir

Une campagne sans débat sur la souveraine­té

Un vent de changement souffle sur le Québec, mais près de la moitié des électeurs se disent indécis au lancement de cette longue course électorale

- MARCO BÉLAIR-CIRINO CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

Le lieutenant-gouverneur J. Michel Doyon donnera jeudi matin le coup d’envoi (officiel) d’une campagne électorale où, pour la première fois en plus de trente ans, la tenue d’un référendum sur l’indépendan­ce ne dominera pas le débat.

Avec la mise en sourdine de l’opposition entre indépendan­tistes et fédéralist­es sur la tenue d’un éventuel référendum sur la souveraine­té dans un prochain mandat, l’attention des médias se portera davantage sur le programme de chacun des partis politiques.

Un État « pour faciliter la vie des Québécois » (PLQ), « Un État fort » (PQ), un État qui « fait plus, fait mieux » tout en « remettant de l’argent dans le portefeuil­le des familles » (CAQ) : le rôle de l’État québécois se trouvera au coeur de la conversati­on politique.

Le vent de changement soufflant sur le Québec est, pour l’instant, favorable à la Coalition avenir Québec. Mais, le parti politique de François Legault parviendra-t-il à faire voler en éclats l’alternance Parti libéral du Québec-Parti québécois, qui anime la politique québécoise depuis plus de quatre décennies ?

Les responsabl­es politiques contactés par Le Devoir n’osent pas hasarder une prédiction — même à micro fermé —, dans la mesure où pas moins de 45 % des électeurs n’excluent pas la possibilit­é de changer d’idée d’ici au scrutin du 1er octobre, selon la firme Léger. Ils démarrent le marathon électoral de 39 jours — la durée maximale permise par la Loi — persuadés d’une chose: rien n’est gagné.

La difficulté à obtenir un second mandat d’affilée est grande, a fait valoir le premier ministre, Philippe Couillard, quatre ans et demi après s’être vu confier les commandes de l’État québécois. «C’est toujours un défi, partout, pour les gouverneme­nts sortants [de se faire réélire]. Tout le monde, par définition, va être opposé au gouverneme­nt sortant », a-t-il déclaré mercredi.

Majoritair­e ou minoritair­e

Le chef libéral demande aux électeurs québécois de lui permettre de diriger un nouveau gouverneme­nt majoritair­e de 2018 à 2022.

Cela dit, l’élection d’un gouverneme­nt minoritair­e du PLQ ne serait pas la fin du monde, a-t-il mentionné. Gouverneme­nt majoritair­e, gouverneme­nt minoritair­e : « il y a des vertus dans les deux », a-t-il soutenu dans un entretien avec Le Devoir il y a dix jours.

«Moi, j’ai connu un gouverneme­nt minoritair­e avec M. Charest en 2007. Ça s’est très bien passé. En fait, ç’a été une expérience de négociatio­ns avec les opposition­s », a fait remarquer l’exministre de la Santé (2003-2008). Puis, il a ajouté : « On est quand même moins agiles pour prendre des décisions ur- gentes et parfois difficiles [dans un gouverneme­nt minoritair­e]. Je prends l’exemple d’un retour à l’équilibre budgétaire. En position minoritair­e, ça peut être assez compliqué de le réaliser, de garder le contrôle des finances publiques et [de mener] certains dossiers où il faut faire des arbitrages », a-t-il ajouté.

Les membres du gouverneme­nt sont attendus jeudi, sur le coup de 9 h, pour une courte séance du Conseil des ministres, après quoi M. Couillard priera le vice-roi de procéder à la dissolutio­n de l’Assemblée nationale. «La dissolutio­n est assimilée, à juste titre, à la mort civile du Parlement», peut-on lire dans la procédure parlementa­ire du Québec.

lard torale matinée Le PLQ s’adressera sur dans amorcera la campagne élecive la défensijeu­di. M. Couilux le aumédias en fin de décor bucolique du domaine Cataraqui, dans la ville de Québec.

Il compte par la suite leur présenter une recrue de taille, soit Gertrude Bourdon, et ce, moins de 24 heures après que M. Legault lui a lancé le « défi » de proois mettre aux Québécoque Gaétan Baronduit rette ne sera pas recoà la tête du mile nistère de la Santé si PLQ est réélu.

Après avoir négocié un saut en poliCAQ, tique au sein de la CAQ la présidente­e directrice générale du CHU de Quéval, bec-Université Laval qui est décrite comme une sympathisa­nte longue date, a finalement décidé de

Les responsabl­es politiques contactés par Le Devoir

n’osent pas hasarder une prédiction — même à micro fermé

porter les couleurs du PLQ dans JeanLesage.

L’autobus du PLQ mettra par la suite le cap vers la Mauricie, où il n’a rien à gagner, mais tout à perdre. En effet, la CAQ balayerait la région (Maskinongé, Trois-Rivières, Laviolette–Saint-Maurice et Champlain), selon les plus récents coups de sonde.

De son côté, François Legault lancera sa campagne électorale — sa troisième à titre de chef de la CAQ — dans la circonscri­ption de Louis-Hébert. Celle-ci fait figure de symbole, puisqu’elle est tombée dans son escarcelle il y a un mois après que quelque 15 000 électeurs eurent déserté le PLQ. Il se prêtera à un bon vieux bain de foule chez Ti-Oui Snack Bar dans Portneuf — actuelleme­nt représenté­e par le PLQ à l’Assemblée nationale — avant de filer vers Montréal, où il compte aussi effectuer une percée le 1er octobre prochain.

Au PQ, le chef, Jean-François Lisée, et la vice-chef, Véronique Hivon, donneront le coup d’envoi de leur tournée du Québec dans Borduas, qui est représenté­e par la CAQ au Parlement depuis 2014.

Le duo fera un saut dans Maurice-Richard (PLQ ), soupera dans Masson (CAQ), puis prêtera main-forte à son candidat vedette dans la nouvelle circonscri­ption de Prévost, Paul St-Pierre Plamondon.

Québec solidaire amorcera sa campagne électorale dans la circonscri­ption de Laurier-Dorion, où Andrès Fontecilla tentera une nouvelle fois de se faire élire. L’aspirante première ministre Manon Massé prendra la parole dans l’après-midi.

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