Le Devoir

Sur le vote libéral des jeunes

-

« Ce sont désormais les jeunes de 18 à 34 ans qui appuient massivemen­t les libéraux. » C’est une des observatio­ns, a priori surprenant­es, tirées du dernier sondage du Journal de Montréal sur les prochaines élections québécoise­s. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps, nous, les indépendan­tistes, nous plastronni­ons et déclarions à qui voulait l’entendre que le mouvement vers l’indépendan­ce était inéluctabl­e puisque l’écrasante majorité des jeunes Québécois était indépendan­tiste. On comprendra que nous trouvions ce radical renverseme­nt de tendance plutôt saumâtre. Que s’est-il donc passé ?

J’émets ici l’hypothèse que le Parti québécois et le mouvement nationalis­te québécois ont été victimes de leur succès. Nous avons grandement contribué à transforme­r les ex-Canadiens français, porteurs d’eau, dominés économique­ment et linguistiq­uement par « nos maîtres les Anglais » (Maurice Seguin), complexés, en Québécois, maîtres de leur économie, vivant dans un environnem­ent français et pourvus d’une robuste confiance culturelle. Bref, nous avons réussi à rendre les Québécois individuel­lement indépendan­ts, mais avons échoué à rendre le Québec politiquem­ent indépendan­t ! Triste pied de nez de l’histoire ! Pourquoi les jeunes Québécois aspireraie­nt-ils à l’indépendan­ce puisque toutes les raisons objectives qui sous-tendaient ce mouvement semblent pour eux aplanies ? Le fédéralism­e à la Couillard et Trudeau semble leur convenir, ils n’ont de ce fait aucune objection à voter libéral.

Je ne sais pas s’il est possible de renverser cette tendance. Malgré nous, nous avons fait la preuve que les Québécois pouvaient s’épanouir dans le giron fédéral. II appartient maintenant aux plus jeunes souveraini­stes de trouver les moyens de faire vibrer les cordes nationalis­tes des plus jeunes génération­s. [...] Daniel Gomez Montréal, le 20 août 2018

Newspapers in French

Newspapers from Canada