Le Devoir

Des médias de Québecor poursuiven­t le Conseil de presse

- AMÉLI PINEDA

Le Journal de Montréal et Groupe TVA se tournent vers les tribunaux pour que le Conseil de presse du Québec (CPQ) cesse de rendre des décisions à leur égard. Dans une poursuite déposée en Cour supérieure mercredi, ils réclament 200 000 $ en dommages à ce tribunal d’honneur des médias pour atteinte à leur réputation.

Les médias de Québecor, qui ne sont pas membres du CPQ depuis plus de huit ans, déplorent le fait qu’ils font malgré tout l’objet de blâmes de la part de cet organisme privé dont le mandat est de traiter les plaintes qui visent les médias. « [Le CPQ] n’est ni un tribunal ni un comité déontologi­que en vertu de la loi », peut-on lire dans leur requête.

Ils dénoncent deux récentes décisions du CPQ qui, selon eux, « démontre un mépris flagrant du droit fondamenta­l de ne pas s’associer dont jouissent [Le Journal de Montréal] et Groupe TVA ». L’une concerne un article sur les inondation­s du printemps 2017 qui s’est retrouvé en une du quotidien et dont certaines citations avaient soi-disant été inventées. Le Journal de Montréal avait publié la photo d’une sinistrée à laquelle un phylactère avait été ajouté.

« Une enquête sérieuse de la part du Conseil de presse aurait notamment permis de révéler que […] le texte apparaissa­nt dans le phylactère figurant à la une n’est aucunement une citation des propos [de la sinistrée], mais un élément humoristiq­ue relevant de la caricature — une institutio­n bien reconnue dans le milieu journalist­ique », peut-on lire dans le document de cour.

Les médias de Québecor déplorent également le fait d’avoir été blâmés pour une chronique de Richard Martineau où il s’exprime sur les enfants-soldats.

Droit « de ne pas s’associer »

Le Journal de Montréal et Groupe TVA estiment que le CPQ porte atteinte à leur liberté d’associatio­n.

«Nous sommes brimés dans notre droit de ne pas nous associer à cette organisati­on, un principe garanti par la Charte des droits et libertés de la personne », fait valoir Dany Doucet, vice-président, Informatio­n, de l’Agence QMI et rédacteur en chef du Journal de Montréal. Québecor estime avoir fait l’objet de plus de 50 plaintes entre 2015 et 2017.

Le CPQ souhaite prendre connaissan­ce de la procédure avant de faire davantage de commentair­es.

« Nous prenons cette situation au sérieux […] Nous allons mandater des avocats pour y répondre et le CPQ va se défendre », indique Caroline Locher, secrétaire générale du CPQ.

La directrice du Centre d’études sur les médias et professeur­e de journalism­e à l’Université Laval, Colette Brin, estime que « la question de fond, à savoir si le Conseil de presse a la légitimité pour juger de plaintes concernant les médias Québecor, est intéressan­te», puisque Québecor n’en fait pas partie.

Elle se demande toutefois si les tribunaux sont « le meilleur lieu pour en discuter». Mme Brin trouve «embêtant que les médias Québecor refusent de se défendre [devant le Conseil], mais ensuite le poursuiven­t parce qu’ils rejettent la décision ». « Pourquoi n’ontils pas donné leur version avant, ou à tout le moins quand la décision a été publiée ? » demande-t-elle.

Nous sommes brimés dans notre droit de ne pas nous associer à cette organisati­on DANY DOUCET

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