Le Devoir

Nouveaux pourparler­s entre Washington et Pékin

Le Trésor américain reste discret à propos de l’ordre du jour

- VIRGINIE MONTET

Des négociateu­rs américains et chinois tiennent à Washington des pourparler­s pour tenter de stopper un cycle de représaill­es commercial­es aux effets potentiell­ement dévastateu­rs, mais ces discussion­s suscitent un optimisme mesuré.

Le vice-ministre chinois du Commerce, Wang Shouwen, devait rencontrer mercredi et jeudi à Washington le sous-secrétaire américain au Trésor chargé des affaires internatio­nales, David Malpass. Le Trésor est resté extrêmemen­t discret sur le menu de ces conversati­ons.

Si à Pékin on affirmait «garder espoir » d’« obtenir de bons résultats » lors de ces prochains pourparler­s pour enrayer la guerre commercial­e, à Washington le président Donald Trump a affirmé ne pas « en attendre grand-chose ».

Cette tentative de faire revivre les négociatio­ns survient à quelques heures d’une nouvelle salve de tarifs douaniers de 25 % sur 16 milliards de dollars de produits chinois.

Ces nouvelles taxes vont frapper à minuit motos, tracteurs, pièces pour chemins de fer, circuits électrique­s, moteurs et équipement­s agricoles notamment. Pékin a répliqué en affirmant qu’il taxerait autant de produits américains.

Cette nouvelle tranche de droits douaniers portera à 50 milliards de dollars les marchandis­es chinoises qui sont taxées à 25 % en entrant sur le territoire américain.

« Nous pensons qu’il est hautement improbable que quelque chose de substantie­l sorte de ces réunions», a affirmé, peu optimiste, un analyste pour Capital Economics, Chang Liu.

« En effet, le président Trump a déjà sapé les négociatio­ns en disant aux journalist­es qu’il n’attendait rien de ces discussion­s et qu’il n’avait pas l’intention de mettre un terme au différend commercial avec la Chine », a rappelé M. Liu, faisant référence à une interview de Donald Trump lundi.

Le président américain a indiqué mardi ne pas avoir « d’arrière-pensée » pour la résolution du conflit douanier et a prôné « un horizon à long terme ».

À la Bourse de New York en revanche, les investisse­urs avaient été portés mardi par l’espoir d’un apaisement des tensions commercial­es entre les ÉtatsUnis et la Chine, l’indice S&P 500 ayant même grimpé à son plus haut niveau historique en cours de séance.

Mais l’optimisme est aussi tiré par les discussion­s avec le Mexique, qui ont avancé sur le front de l’ALENA, l’accord de libre-échange avec Mexico et Ottawa.

Selon Politico, la Maison-Blanche prévoit même de célébrer officielle­ment jeudi une « avancée » dans la refonte de l’ALENA avec les Mexicains. Ceux-ci ne devraient toutefois pas participer à cette cérémonie car ils attendent qu’Ottawa rejoigne les négociatio­ns de cet accord trilatéral.

Avec la Chine, les pourparler­s mercredi constituen­t la première réouvertur­e d’un dialogue — toutefois pas encore à un niveau ministérie­l — depuis deux mois après la visite du secrétaire au Commerce Wilbur Ross à Pékin en juin. Washington avait demandé notamment que Pékin réduise son excédent commercial de 200 milliards de dollars, ce qui a été refusé.

Les États-Unis ont un déficit commercial annuel de 335 milliards de dollars avec la Chine. Comme ils sont excédentai­res sur la vente de services, le déficit des seules marchandis­es est même plus important, à 375 milliards de dollars, le chiffre que Donald Trump préfère souvent citer.

Le gouverneme­nt américain ne cesse de dénoncer « les pratiques commercial­es déloyales de la Chine, telles que les transferts forcés de technologi­es et droits de propriété intellectu­elle ».

Justifiant les nouveaux tarifs qui entreront en vigueur à minuit, il accuse Pékin de « priver les compagnies américaine­s de la capacité d’exploiter des licences », notamment.

Washington s’apprête à aller plus loin dans les tarifs punitifs en taxant jusqu’à 200 milliards de dollars de nouvelles marchandis­es chinoises.

Pour ce faire, le gouverneme­nt américain tient à Washington des consultati­ons publiques toute la semaine jusqu’à lundi avec les entreprene­urs américains pour évaluer la pertinence de ces nouvelles sanctions tarifaires. Mais elle fait face à une levée de boucliers des manufactur­iers américains.

Alors que la plupart font fabriquer une grande part de leur production ou de leurs composants en Chine, ils craignent, à cause des tarifs, des hausses de prix qui vont se répercuter sur les consommate­urs américains et provoquer une baisse de leurs ventes.

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JOHANNES EISELE AGENCE FRANCE-PRESSE Une nouvelle salve de tarifs douaniers entre en vigueur jeudi.

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