Le Devoir

François Legault et Philippe Couillard s’affrontent sur les finances publiques du Québec |

Le cadre financier dévoilé samedi par la CAQ exclut les négociatio­ns à venir avec les médecins spécialist­es

- GUILLAUME BOURGAULT-CÔTÉ Avec Marco Bélair-Cirino et Marie-Michèle Sioui

Le cadre financier dévoilé samedi par François Legault réservait une surprise : la Coalition avenir Québec (CAQ) n’attend rien des futures négociatio­ns avec les médecins spécialist­es. Mais elle attend trop d’un possible « effet CAQ » sur l’économie, disent ses adversaire­s.

François Legault a donc été le premier chef à plonger dans l’exercice visant à chiffrer l’ensemble des engagement­s de son parti. Un tel document sert à évaluer le sérieux des propositio­ns en les intégrant à la réalité du budget de l’État : à ce jeu, M. Legault pense avoir accouché d’un plan de « financemen­t stable » et responsabl­e.

Concernant les médecins spécialist­es, le chef de la CAQ dit être « confiant qu’on va être capable d’aller chercher des montants. Mais pour être très prudents, on n’a pas inclus ces mesures dans le cadre. […] On sait qu’on a une marge de manoeuvre potentiell­e d’un milliard, et on n’en tient même pas compte. »

Les bons chiffres ?

Parmi les éléments centraux du plan caquiste, on remarque que le parti mise sur une croissance économique de 1,8 % en 2021 et en 2022, alors que le rapport préélector­al sur l’état des finances publiques prévoit plutôt une croissance économique de 1,3 % pour ces années.

Cette « croissance économique accélérée », une forme d’« effet CAQ » sur l’économie, rapportera­it 350 millions en 2021-2022, et 700 millions l’année suivante. De la « pensée magique

», estime le chef péquiste, JeanFranço­is Lisée. « C’est exactement ce que nous disait M. Couillard [en 2014] : “dès que je vais être au pouvoir, la croissance va augmenter ”. »

La CAQ espère aussi une augmentati­on de 7 % des dividendes des sociétés d’État en 2022-2023, ce qui représente­rait 350 millions. Mais attention : ces dernières ne pourront couper dans le personnel (la CAQ propose l’abolition par attrition de 5000 postes d’administra­tion dans le secteur public) non plus qu’augmenter les tarifs au-delà de l’inflation.

Philippe Couillard a répliqué qu’il « y a déjà eu beaucoup d’efforts dans nos sociétés d’État. Il faut toujours en faire, mais ça m’apparaît très imprécis et très hypothétiq­ue », estime le chef libéral.

Le cadre de la CAQ prévoit que les différente­s mesures de « réduction du gaspillage et de la bureaucrat­ie» annoncées en campagne rapportero­nt à l’État quelque 2,68 milliards en 2022-2023.

De l’autre côté du balancier, le coût des engagement­s électoraux de la CAQ (sans compter ce qui sera prélevé à même le Plan québécois des infrastruc­tures, comme les Maisons des aînés, le tramway de Montréal, l’Internet partout…) est estimé à 2,67 milliards pour la même année de référence.

Cette somme s’explique par trois grands engagement­s : remettre de l’argent dans le fameux « portefeuil­le des familles » (1,7 milliard en différente­s mesures), et investir en santé ( 500 millions) et en éducation (400 millions).

Concernant les deux missions de l’État qui accaparent l’essentiel de son budget annuel, la CAQ promet d’accorder des hausses annuelles de 3,5% en éducation et de 4,1% en santé (4,2 % la dernière année). «C’est certaineme­nt suffisant pour faire les améliorati­ons qu’on veut absolument faire dans le réseau », a soutenu Danielle McCann, ministre quasi désignée de la Santé.

Dernier élément : une réserve de stabilisat­ion qui serait de 8,6 milliards à la fin du mandat permettra, selon François Legault, de réagir à tout ralentisse­ment de l’économie.

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