François Legault et Philippe Couillard s’affrontent sur les finances publiques du Québec |
Le cadre financier dévoilé samedi par la CAQ exclut les négociations à venir avec les médecins spécialistes
Le cadre financier dévoilé samedi par François Legault réservait une surprise : la Coalition avenir Québec (CAQ) n’attend rien des futures négociations avec les médecins spécialistes. Mais elle attend trop d’un possible « effet CAQ » sur l’économie, disent ses adversaires.
François Legault a donc été le premier chef à plonger dans l’exercice visant à chiffrer l’ensemble des engagements de son parti. Un tel document sert à évaluer le sérieux des propositions en les intégrant à la réalité du budget de l’État : à ce jeu, M. Legault pense avoir accouché d’un plan de « financement stable » et responsable.
Concernant les médecins spécialistes, le chef de la CAQ dit être « confiant qu’on va être capable d’aller chercher des montants. Mais pour être très prudents, on n’a pas inclus ces mesures dans le cadre. […] On sait qu’on a une marge de manoeuvre potentielle d’un milliard, et on n’en tient même pas compte. »
Les bons chiffres ?
Parmi les éléments centraux du plan caquiste, on remarque que le parti mise sur une croissance économique de 1,8 % en 2021 et en 2022, alors que le rapport préélectoral sur l’état des finances publiques prévoit plutôt une croissance économique de 1,3 % pour ces années.
Cette « croissance économique accélérée », une forme d’« effet CAQ » sur l’économie, rapporterait 350 millions en 2021-2022, et 700 millions l’année suivante. De la « pensée magique
», estime le chef péquiste, JeanFrançois Lisée. « C’est exactement ce que nous disait M. Couillard [en 2014] : “dès que je vais être au pouvoir, la croissance va augmenter ”. »
La CAQ espère aussi une augmentation de 7 % des dividendes des sociétés d’État en 2022-2023, ce qui représenterait 350 millions. Mais attention : ces dernières ne pourront couper dans le personnel (la CAQ propose l’abolition par attrition de 5000 postes d’administration dans le secteur public) non plus qu’augmenter les tarifs au-delà de l’inflation.
Philippe Couillard a répliqué qu’il « y a déjà eu beaucoup d’efforts dans nos sociétés d’État. Il faut toujours en faire, mais ça m’apparaît très imprécis et très hypothétique », estime le chef libéral.
Le cadre de la CAQ prévoit que les différentes mesures de « réduction du gaspillage et de la bureaucratie» annoncées en campagne rapporteront à l’État quelque 2,68 milliards en 2022-2023.
De l’autre côté du balancier, le coût des engagements électoraux de la CAQ (sans compter ce qui sera prélevé à même le Plan québécois des infrastructures, comme les Maisons des aînés, le tramway de Montréal, l’Internet partout…) est estimé à 2,67 milliards pour la même année de référence.
Cette somme s’explique par trois grands engagements : remettre de l’argent dans le fameux « portefeuille des familles » (1,7 milliard en différentes mesures), et investir en santé ( 500 millions) et en éducation (400 millions).
Concernant les deux missions de l’État qui accaparent l’essentiel de son budget annuel, la CAQ promet d’accorder des hausses annuelles de 3,5% en éducation et de 4,1% en santé (4,2 % la dernière année). «C’est certainement suffisant pour faire les améliorations qu’on veut absolument faire dans le réseau », a soutenu Danielle McCann, ministre quasi désignée de la Santé.
Dernier élément : une réserve de stabilisation qui serait de 8,6 milliards à la fin du mandat permettra, selon François Legault, de réagir à tout ralentissement de l’économie.