Le Devoir

Le futur parti de Bernier séduit déjà un ex-député

Le conservate­ur Luc Harvey a indiqué vouloir se joindre à lui

- MARIE VASTEL

Maxime Bernier n’a pas encore officielle­ment lancé son nouveau parti politique que, déjà, un ancien député conservate­ur du Québec songe à s’y joindre. Luc Harvey pourrait ainsi faire un retour dans l’arène politique aux côtés du député beauceron, a-t-il confié au Devoir.

Député conservate­ur de la circonscri­ption de Louis-Hébert de 2006 à 2008, Luc Harvey avait depuis quitté la politique active. Mais l’offre politique que s’apprête à présenter son ami Maxime Bernier cette semaine l’intéresse grandement.

«C’est sûr et certain que, lorsque son parti sera formé, je vais sûrement regarder ça avec une très grande attention », a indiqué M. Harvey au Devoir. « Ça serait avec le plus grand plaisir que je porterais la bannière de Maxime. »

Le député beauceron annonçait, il y a dix jours, qu’il quittait la famille conservatr­ice pour former son propre parti politique. Le lancement officiel, qui dévoilera en outre le nom de la formation et son logo, devrait se faire vers la fin de cette semaine.

Luc Harvey trouve que le franc-parler de Maxime Bernier est « rafraîchis­sant ». « Les gens sont un petit peu tannés de la langue de bois qu’on a, à plusieurs niveaux », observe cet ancien député de la région de Québec. M. Bernier avait vivement critiqué sur Twitter le « multicultu­ralisme extrême » et le « culte de la diversité », avant de claquer la porte du Parti conservate­ur. Et ses propos reprenaien­t des inquiétude­s partagées par bien des Québécois et des Canadiens, de l’avis de Luc Harvey.

Dire les choses

« On est rendus tellement politicall­y correct qu’on n’est plus capables de rien dire, qu’on n’est plus capables de rien faire, qu’on est limités dans tout ce qu’on fait », déplore M. Harvey. « Ce n’est pas une question d’être libertarie­n, conservate­ur ou quoi que ce soit. C’est d’arriver et de dire les choses comme elles sont. Et Maxime n’est pas là pour essayer de dire qu’un aveugle c’est un nonvoyant ou qu’un nain c’est une personne de petite taille. »

Luc Harvey n’a rien contre le nouveau chef conservate­ur, Andrew Scheer, un « chic type » et un « gars honnête ». « Mais ce n’est pas nécessaire­ment quelqu’un de gentil que ça prend», dit-il, en déplorant que le chef conservate­ur ait choisi d’appuyer la défense de la gestion de l’offre dans le cadre des négociatio­ns du Canada sur l’ALENA ou de ne pas dénoncer plus faroucheme­nt l’arrivée irrégulièr­e de migrants à la frontière.

Daniel Petit, qui a été lui aussi député conservate­ur de 2006 à 2011, n’a pas l’intention de rejoindre l’équipe de son ancien collègue Bernier. Mais il reconnaît que son discours en matière d’immigratio­n et de « multicultu­ralisme à tous crins » — davantage que son opposition farouche à la gestion de l’offre — pourrait rejoindre plusieurs Québécois. « Ce que M. Bernier fait, présenteme­nt, c’est qu’il dit tout haut ce que bien des gens voudraient dire à M. [Justin] Trudeau », admet M. Petit en entretien avec Le Devoir.

La popularité du parti de Maxime Bernier demeurera toutefois marginale, selon lui, et la grande famille conservatr­ice ne sera pas si facilement redivisée en factions des mouvances progressis­te-conservatr­ice et libertarie­nne. M. Bernier a reproché à Andrew Scheer — qui l’a devancé avec moins d’un point de pourcentag­e lors de la course à la chefferie l’an dernier — de diriger un Parti conservate­ur devenu « trop corrompu intellectu­ellement et moralement pour être réformé ».

Un récent coup de sonde indiquait que la future formation de Maxime Bernier pourrait susciter un intérêt chez l’électorat canadien. Un sondage Nanos mené pour le compte du Globe and Mail révélait que 17 % des répondants seraient ouverts à l’idée de voter pour un parti dirigé par le politicien beauceron. Lors de sa campagne à la chefferie, Maxime Bernier s’était doté d’une équipe politique à travers le Canada et il avait récolté beaucoup d’appuis dans les Prairies.

On est rendus tellement politicall­y correct

qu’on n’est plus capables de rien dire, qu’on n’est plus capables de rien faire, qu’on est limités dans tout ce qu’on fait LUC HARVEY

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ADRIAN WYLD LA PRESSE CANADIENNE Dans une conférence de presse, le 23 août dernier, à Ottawa, Maxime Bernier avait annoncé qu’il quittait le Parti conservate­ur pour en fonder un nouveau.
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Luc Harvey

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