Le Devoir

Un grand monsieur

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Quand j’ai appris la mort de Gilles Pelletier, j’ai eu envie de partager un souvenir que j’ai toujours chéri précieusem­ent. À la fin des années 1960, je marchais rue Saint-Denis, avec la petite mélancolie qui accompagne souvent les adolescent­es qui ne se trouvent pas assez séduisante­s… Soudain, j’ai tourné la tête, en voulant traverser la rue, et… voilà Gilles Pelletier en chair et en os, là, à côté de moi ! J’étais médusée ! Je lui ai dit : « C’est vous ? » Il m’a répondu avec un sourire :

« Oui, et c’est vous ? » Et de commencer une conversati­on… Nous avons fait route ensemble jusqu’au métro Mont-Royal. Je lui posais des questions sur lui, mais il orientait toujours la conversati­on sur moi : sans paternalis­me, avec un réel intérêt, il s’est informé de mes études, de mes loisirs, de mes goûts. Adieu ma petite mélancolie ! Gilles Pelletier s’était intéressé à moi ! Il m’a donné ce soir-là l’impression que tous les êtres sont de même importance.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Deux ans plus tard, je l’ai revu, cette fois, dans le métro. Je lui ai fait un petit signe de la tête, mais j’étais certaine qu’il ne me reconnaîtr­ait pas. Eh bien oui, il s’est souvenu de moi et m’a demandé des nouvelles. Nous avons continué notre conversati­on comme si nous nous étions rencontrés la veille. Ce n’est qu’une petite anecdote, mais pour moi, elle démontre toute la bonté, la simplicité de ce grand monsieur.

Francine Labrie Saint-Jérôme, le 9 septembre 2018

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