LES OBSERVATEURS
Le Devoir s’est tourné vers quatre anciens politiciens de toutes allégeances pour connaître leurs impressions sur la campagne en cours. Aujourd’hui, l’ancienne députée péquiste et élue municipale Elsie Lefebvre prend la parole. Propos recueillis par Améli Pineda.
Qu’est-ce qui a retenu le plus votre attention durant la dernière semaine de campagne ? Les propositions en environnement. D’un côté, le PQ a vu sa plateforme climatique qualifiée par Karel Mayrand de la Fondation Suzuki d’« ambitieuse » et il se réjouissait des gestes forts pour protéger le climat et l’avenir de nos enfants. Entre autres mesures, notons des propositions structurantes pour l’électrification des transports, le « grand déblocage » avec 7 milliards d’investissements en transport collectif dans la région métropolitaine sur les rives sud et nord ainsi qu’à Montréal, en plus de la fin des projets de développement
d’hydrocarbures. Québec solidaire s’est aussi démarqué sur cette question en voulant notamment interdire les voitures à essence dès 2030 et avec une proposition en transport collectif forte. Nous avons donc deux partis souverainistes qui ont compris l’urgence d’agir, qui ensemble pourraient battre le duo CAQPLQ, mais qui ont choisi de se battre chacun de leur côté pour affronter deux partis totalement déconnectés sur cette question vitale. À la mi-campagne, des chefs ont commencé à faire appel au vote stratégique. Que pensez-vous de ces appels ? L’appel au vote stratégique et les positions fortes en immigration de la part de M. Legault nous donnent le signal que l’équipe caquiste s’inquiète de la volatilité de l’électorat. Après la première semaine catastrophe, cet appel vise à interpeller les nombreux indécis. Les caquistes ont perdu 2 % dans le dernier sondage, ils doivent freiner la baisse des appuis et 44 % des électeurs pourraient encore changer d’idée avec le débat des chefs. C’est beaucoup. Les caquistes se sont ressaisis, mais ce mauvais début de campagne combiné au retour des péquistes dans la course grâce à la campagne énergique et aux engagements ciblés de M. Lisée laissent prévoir des luttes serrées entre les trois grands partis dans la majorité des circonscriptions. Le PQ, quant à lui, se situe dans la zone payante où chaque point de pourcentage que le parti réussira à prendre, ça signifie des circonscriptions supplémentaires, alors ce n’est pas étonnant de voir M. Lisée faire cet appel aux jeunes. Que devra faire Jean-François Lisée pour se démarquer lors du débat des chefs ? M. Lisée a surpris ses propres militants ainsi que les analystes aguerris qui ont pu voir le chef à l’aise et au sommet de sa forme depuis le début de la campagne. Le débat sera l’occasion pour lui, qui est peu connu du grand public, de faire connaître sa vraie personnalité, son expérience, sa stature de premier ministre. En étant troisième dans les sondages, il occupe une position idéale, tout comme Justin Trudeau et Jack Layton dans des élections précédentes. Il occupe le rôle du chef gentil que l’on gagne à connaître. Son défi est de faire comprendre aux électeurs que la CAQ, c’est un changement, mais qui pourrait beaucoup ressembler à ce qu’ils ont détesté des libéraux, l’austérité, et que les candidats caquistes et libéraux, c’est du pareil au même, avec l’exemple de Gertrude Bourdon.