Le Devoir

Politique et démission devant le pouvoir

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Toutes les prédicatio­ns des candidats au poste de chef de gouverneme­nt provincial du Québec, adressées aux Québécois sous forme de « services qui leur seront rendus » s’ils les élisent en octobre prochain, semblent si caricatura­les face au contexte actuel du réchauffem­ent climatique planétaire.

Ce que ces politicien­s nous proposent, ce n’est pas l’élection d’un gouverneme­nt responsabl­e qui désire gouverner au sens d’exercer une fonction politique dans le monde réel, mais de continuer à nous « faire croire », sous des discours laïcisés, à une illusion, avec la même ferveur des religieux. Ils continuent à prêcher la croyance en cette religion industriel­le décrite par Pierre Legendre, l’anthropolo­gue, qui nous a donné la société de services et de consommati­on basée sur la croissance continue depuis 50 ans.

Ces 30 années glorieuses culminant sur une mondialisa­tion commercial­e et une pollution de gaz à effet de serre planétaire ont entraîné l’humanité dans la nouvelle ère géologique de l’anthropocè­ne. Celui ou celle qui désire nous convaincre que s’il est premier ministre il ou elle accentuera la croissance des services, de l’immigratio­n et de la consommati­on (même verte) sous-estime l’intelligen­ce de l’électorat.

Cette année, dès le 1er août, nos économies mondialisé­es, dont le Canada et le Québec, avaient déjà consommé tout ce que la Terre peut produire en une année, selon le Global Footprint Network. Les Québécois ont une empreinte écologique de cinq planètes actuelleme­nt, ce qui veut dire que si tous les peuples de la Terre adoptaient notre mode de vie, ce sont cinq planètes qui seraient nécessaire­s à l’humanité. Que valent 150 000 voitures retirées de la route par le covoiturag­e, comme le propose M. Lisée, face à cette réalité ? M. Lisée, M. Legaut, M. Couillard et Mme Massé agissent comme des « croyants » et non comme des politicien­s et ils voudraient que nous continuion­s à croire comme eux. C’est oublier que des peuples ont disparu à refuser de voir la réalité. La politique existe pour organiser la vie collective, non pas pour la détruire. Les Québécois vivent à crédit en ce moment jusqu’en décembre 2018, pour des ressources non renouvelab­les, contrairem­ent à la monnaie.

Nos candidats devraient ouvrir les yeux et cesser ces prières adressées aux dieux économique­s. Sylvie Woods Montréal, le 10 septembre 2018

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