Une ville de plus en plus intelligente
L’administration Plante souhaite tirer parti du riche écosystème montréalais en matière d’intelligence artificielle pour accélérer son passage vers l’Internet des objets.
«Une ville intelligente, c’est une ville qui utilise la technologie pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens, explique François W. Croteau, responsable de la Ville intelligente, des technologies de l’information et de l’innovation à la Ville de Montréal. Ça peut passer par toutes sortes de mesures à la fois dans le développement social, environnemental, économique, la mobilité, etc. À Montréal, on peut parler notamment de l’ouverture des données. Une action qui a des impacts concrets.»
Ainsi, suivant le principe de l’ouverture «par défaut», toute donnée collectée ou acquise par la Ville de Montréal est aujourd’hui considérée comme ouverte, si tant est qu’elle ne porte pas atteinte à la vie privée ou à la sécurité publique.
Des données massives qui, bien analysées par des systèmes d’intelligence artificielle, peuvent être utilisées par les entreprises afin de contribuer à la bonification de l’offre de services municipale. Les résultats ne se sont d’ailleurs pas fait attendre. En 2016, Montréal recevait déjà le prix de la Communauté intelligente de l’année décerné par l’Intelligent Community Forum.
«Ultimement, ce sont tous les Montréalais qui en sont les principaux bénéficiaires, affirme M. Croteau. Déjà, nous avons des quartiers intelligents si l’on pense au Quartier des spectacles ou à celui de l’innovation. Il y a de plus en plus de wifi public. Toute une infrastructure se développe. Nous devons maintenant passer à l’étape 2, celle de l’intégration de l’Internet des objets.»
Il s’agit là de la troisième révolution numérique, le Web 3.0, la connexion entre des objets — téléviseurs, réfrigérateurs, automobiles, lunettes, etc. — qui, en se « parlant », améliorent la capacité à rassembler et à analyser des données pour les transformer en savoir. La Ville de Montréal travaille actuellement sur de tels projets afin d’automatiser certaines tâches, comme la délivrance de permis, ou, à terme, d’améliorer la mobilité avec la mise en circulation, par exemple, de véhicules autonomes.
Transfert de technologie
Un dossier sur lequel travaille la multinationale Thales, qui comme d’autres géants technologiques — Facebook, Google, Microsoft, etc. — a ouvert ces derniers mois un laboratoire de recherche en IA (CortAix) dans la métropole québécoise.
« Assurément, l’écosystème montréalais en matière d’intelligence artificielle nous a amenés à nous installer ici, indique Siegfried Usal, viceprésident, Stratégie, Recherche et Technologie chez Thales et directeur de CortAix. Il y a une concentration de talents, mais il y a aussi une culture de la collaboration et du partage. Les ingénieurs, les développeurs, les scientifiques sont prédisposés à travailler ensemble. Ils ont la capacité à mettre en commun leurs savoirs de manière décomplexée. »
Cette culture du partage, en partie liée à la diversité culturelle de Montréal, croit-il, permettrait d’aller très loin dans l’innovation, car chacun a l’humilité de demander des conseils à l’autre lorsqu’il sort de ses compétences. Cela, couplé à la présence de chercheurs de très haut calibre, à la volonté de développer des filières de formation et à la détermination de l’administration municipale de demeurer une ville intelligente et de s’outiller pour permettre à des startup et aux PME de croître en se servant des technologies développées dans les laboratoires.
François W. Croteau admet d’ailleurs que le transfert de technologie vers les entreprises afin de produire de la croissance économique sera l’un des grands défis de ces prochains mois à la Ville de Montréal.