Les médecins n’ont pas été informés du problème des doses incomplètes
Lundi, les associations médicales ont appelé à une clarification rapide dans le dossier des traitements de chimiothérapie administrés de manière incomplète, révélé le matin même par Le Devoir. Les patients doivent être rassurés au plus vite, affirment-ils, et cela commence par une plus grande transparence du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
Des patients atteints de cancer n’ont pas reçu la dose entière de chimiothérapie par intraveineuse qui leur avait été prescrite parce qu’une partie du médicament est restée dans les tubulures, confirmait il y a quelques jours le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) au Devoir, qui assurait toutefois qu’aucun patient n’avait subi « d’effets négatifs » et que la situation avait été corrigée depuis le mois d’août avec un nouveau protocole d’administration des soins.
Or, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ ) et l’Association des médecins hématologues et oncologues du Québec (AMHOQ ) n’étaient pas au courant du problème avant lundi matin.
« Actuellement, on sait très peu de choses, se désole Martin A. Champagne, le président de l’AMHOQ. Les patients sont en droit de savoir. Pour l’instant, c’est très nébuleux, et mon plus grand regret, c’est le manque de transparence », ajoute-t-il.
Même constat à la FMSQ, qui ne sait toujours pas quels établissements ou quels médicaments sont touchés. « C’est un problème qui avait été soulevé ailleurs au pays cet été, explique Jacques Tétrault, un porte-parole. Toutefois, comme les médecins québécois n’avaient obtenu aucune information de la part du ministère, ils avaient tenu pour acquis que ce n’était pas un enjeu ici. »
Et s’il semble que le problème n’ait pas eu de conséquences notables sur la qualité des soins prodigués, la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, réclame quand même les détails au plus vite. « Nous exigeons que la Direction générale de cancérologie [du MSSS] fasse la lumière auprès des patients, de leur famille et des médecins spécialistes dès maintenant », écrivait-elle dans un courriel envoyé aux membres de la Fédération lundi matin.
Pas de problème systématique
Se voulant rassurant, Martin A. Champagne estime toutefois que le problème est loin d’être systématique.
S’il s’agit bien de traitements de chimiothérapie par immunothérapie — ce que le MSSS n’a pas confirmé, mais qui a été le cas en Ontario, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba —, ce serait le petit volume de la dose, souvent de 50 ml, qui causerait problème. Avec 10 ou 15 ml qui reste dans les tubulures, une fraction significative du médicament n’est pas délivrée au patient, explique le Dr Champagne. Toutefois, l’injection d’un soluté à la suite du médicament permet de bien vider la ligne d’infusion.
Selon le Dr Champagne, la grande majorité des centres adoptaient déjà cette mesure avant que le nouveau protocole uniformisé établi par le MSSS, publié en août dernier, l’ordonne. Le problème aurait donc été réglé, mais sans que les patients touchés en soient informés.
« S’il y a une chose que le scandale du sang contaminé nous a apprise, c’est que la transparence est primordiale, soutient le Dr Champagne. Si certains établissements sont au courant de problèmes, ils devraient en faire part aux médecins traitants au plus vite. »