Le Devoir

Critères resserrés pour le transfert des détenus autochtone­s

- HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Les récentes attaques conservatr­ices contre le gouverneme­nt libéral à propos du transfert d’une meurtrière d’enfant dans un pavillon de ressourcem­ent autochtone ont porté leurs fruits. Ottawa a décidé de resserrer les règles permettant à des détenus d’être transférés dans un centre de détention moins coercitif.

Désormais, ces transferts seront décidés par une personne plus haut placée dans la hiérarchie de Service correction­nel du Canada (SCC), à savoir la sous-commissair­e pour les femmes. Ces transferts ne seront possibles que si le détenu se trouve dans la dernière phase de son plan correction­nel, c’està-dire dans la phase de préparatio­n à sa remise en liberté.

De plus, avant d’autoriser un transfert, la responsabl­e devra prendre en considérat­ion la durée de la peine du délinquant et le temps restant à cette peine avant qu’il soit admissible à une sortie sans surveillan­ce.

« Le délinquant devra être dans la troisième ou quatrième phase de son plan correction­nel et typiquemen­t, un plan correction­nel a quatre phases », a expliqué le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Le ministre a réclamé la révision des règles fin septembre après qu’il eut été révélé que Terri-Lynne McClintic, une jeune femme ayant participé en 2009 au viol et à l’assassinat sauvage d’une fillette de huit ans, avait été transférée dans un « pavillon de ressourcem­ent » autochtone. Elle a été condamnée en 2010 à l’emprisonne­ment à perpétuité sans possibilit­é de libération conditionn­elle avant vingt-cinq ans, soit en 2035.

À la Chambre des communes, les troupes conservatr­ices ont attaqué sans relâche le gouverneme­nt, martelant que cette meurtrière ne méritait pas de se trouver dans un endroit qui n’est pas encerclé d’une barrière et dont les chambres ne sont pas fermées par des barreaux.

Les délinquant­s autochtone­s qui demandent à être transférés dans des pavillons de ressourcem­ent s’engagent dans une démarche de reconnexio­n avec leur héritage culturel. Ces établissem­ents ont pour politique de ne pas bloquer le chemin à un détenu qui veut partir.

En cas d’«évasion», les responsabl­es avertissen­t plutôt les autorités policières. Une telle évasion s’est d’ailleurs produite en octobre dernier en Saskatchew­an. Le prisonnier a été retrouvé trois jours plus tard.

Changement rétroactif

Le ministre Goodale a indiqué mercredi que le changement de politique serait rétroactif. Le transfert de TerriLynne McClintic sera donc reconsidér­é à l’aune de ces nouveaux critères. Pourrait-elle retourner derrière les barreaux ? Cela est possible, mais le ministre ne veut pas le dire. « Pour des raisons de sécurité, nous ne publions pas de liste indiquant quels individus se trouvent dans quelles institutio­ns. »

L’emplacemen­t de Mme McClintic avait été révélé par le père de sa victime, qui avait été avisé par SCC.

Le NPD s’est réjoui de cette décision et de son caractère rétroactif. « Peu importe la décision qui sera prise dans le cas de McClintic, qu’elle demeure au centre de ressourcem­ent ou qu’elle retourne dans l’institutio­n où elle était auparavant, on aura maintenant un maximum de confiance envers cette décision sachant qu’on a élaboré des critères », a commenté en entrevue le député Matthew Dubé. Le Parti conservate­ur n’a pas rappelé Le Devoir.

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