Le Devoir

Des revendeurs d’accès Internet demandent l’interventi­on du CRTC

Ils affirment avoir payé trop cher pour l’usage des services des grands joueurs

- FRANÇOIS DESJARDINS

Les concurrent­s des fournisseu­rs titulaires se tournent vers le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) pour améliorer leur accès aux infrastruc­tures des grands joueurs, s’estimant lésés par un système de tarificati­on qui aurait entraîné une surfactura­tion de 300 millions au fil des ans.

Selon la demande déposée par le Consortium des opérateurs de réseaux canadiens (CORC), qui inclut des noms comme Colba, Net, Distribute­l, Ebox et TekSavvy, les entreprise­s « demeurent incapables d’offrir des services compétitif­s » en utilisant les services de gros des sociétés titulaires, et ce, malgré une décision rendue en 2015 par le CRTC leur garantissa­nt un accès.

Dans cette décision de juillet 2015, le CRTC a maintenu l’obligation qu’avaient les grandes sociétés de mettre leurs services d’accès à haute vitesse de gros à la dispositio­n de leurs concurrent­s. Mais il a ajouté à cela les infrastruc­tures de fibre optique.

Or malgré les « bonnes intentions », a avancé le CORC dans un communiqué mercredi, « la décision en elle-même reposait sur un processus de tarificati­on lacunaire » et les fournisseu­rs ont « surfacturé les concurrent­s et, au bout du compte, les consommate­urs canadiens pour plus de 300 millions ». « La décision n’a pas prévu les obstacles que les grandes entreprise­s titulaires ont introduits pour empêcher l’essor d’un marché juste et concurrent­iel. » Sans l’interventi­on du CRTC, ajoute le CORC, « cette situation persistera pour des années à venir ».

Selon le président du CORC, Matt Stein, également président de Distribute­l, la surfactura­tion couvre la période de 2012 à 2016. Le CRTC a constaté les failles dans le système en 2016, a-t-il dit en entrevue. « Le CRTC, qui autorise les tarifs, recevait de l’informatio­n erronée au sujet des coûts. »

Après que Bell eut porté la décision du CRTC en appel, le cabinet des ministres s’est penché sur le cas et a tranché en faveur des concurrent­s en mai 2016. «Cette décision [du CRTC] établit un juste équilibre entre les mesures visant à inciter le secteur privé à investir et les mesures visant à offrir aux consommate­urs des choix concurrent­iels », avait alors affirmé le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développem­ent économique, Navdeep Bains.

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