Le Devoir

Éloize dans le ventre d’un grand hôtel

Le spectacle exploite le thème des contacts, celui des corps, des regards et des musiques

- CAROLINE MONTPETIT

C’est dans un hôtel que le Cirque Éloize a choisi de camper le spectacle qui marque son 25e anniversai­re. Cet hôtel est un lieu qui traverse les lieux et le temps, un espace de rencontre où personnel comme voyageurs sont en territoire neutre, et où tout peut arriver.

Le metteur en scène Emmanuel Guillaume, qui signe ici sa deuxième collaborat­ion avec le Cirque Éloize, a voulu exploiter dans ce spectacle le thème des contacts, celui des corps, des regards et des musiques. « C’est un endroit où il n’y a pas de propriétai­re, dit-il. Où chacun arrive avec son histoire. Chacun est de passage, mais chacun vient avec le respect. On veut vivre ensemble. »

Les trames sonores, signées Colin Gagné, traversent les époques. Mais c’est la chanteuse Sabrina Halde, fondatrice du groupe Groënland, qui incarnera sur scène une cantatrice-narratrice.

« Je n’avais jamais travaillé dans le monde du cirque auparavant », dit la chanteuse, croisée le mois dernier. Elle y a trouvé un milieu convivial, où il n’y a pas de stars. « J’incarne une narratrice qui est un peu fantomatiq­ue. Elle est derrière. Elle ne fait pas vraiment partie du groupe. Mais je tiens l’histoire ensemble. Je fais la narration », dit-elle.

Reste qu’Emmanuel Guillaume n’a pas voulu d’une histoire qui se déploie avec un début et une fin, mais plutôt d’histoires comme il s’en déploie simultaném­ent dans tous les hôtels de la terre. « Ça n’est pas réducteur à une seule époque, à un seul lieu », dit-il. Le metteur en scène promet quelques chutes hilarantes, « hommages à Buster Keaton et à Harold Lloyd », mais aussi des contrastes musicaux « qui racontent quelque chose, mais pas tout ». Sabrina Halde y chantera autant du swing que des pièces a capella ou des morceaux plus lyriques. Les artistes de cirque joueront d’ailleurs eux aussi des cuivres sur scène.

Emmanuel Guillaume apprécie cette façon qu’ont les artistes de cirque d’être constammen­t gourmands d’autres discipline­s, de chercher à toucher à toutes les formes d’art. En ce sens, le cirque est plus ouvert que le théâtre, constate-t-il.

Plusieurs numéros sont inclassabl­es, dit-il, mais on y trouvera tout de même deux numéros de mains à mains, des cerceaux, de la roue Cyr, des sangles. Les différents tableaux mêleront les employés de l’hôtel et les clients, mais on promet le bleu comme couleur de fond, créatrice d’harmonie.

Au départ, on avait demandé à Emmanuel Guillaume de s’inspirer de l’esthétique de l’hôtel Grand Budapest, du film du même nom de Wes Anderson. Mais Guillaume a aussi eu besoin d’« aller chercher des inspiratio­ns ailleurs », au-delà de l’esthétique.

Pour Jeannot Painchaud, président et directeur artistique de la compagnie, ce spectacle est une façon de faire un retour sur les 25 ans d’existence du Cirque Éloize. «Durant les 25 dernières années, dit-il, le monde entier a été notre lieu de création, d’expérience­s et d’émotions, et les hôtels où nous avons logé ont été notre deuxième maison. C’est ce qui nous a inspirés pour créer notre spectacle Hôtel », a-t-il dit. Le spectacle est une coproducti­on avec la Place des Arts.

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PHOTOS PIERRE MANNING Le metteur en scène Emmanuel Guillaume n’a pas voulu d’une histoire qui se déploie avec un début et une fin, mais plutôt d’histoires comme il s’en déploie simultaném­ent dans tous les hôtels de la terre.
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