Le Devoir

Place à la relève aux Sommets du cinéma d’animation

Les Sommets du cinéma d’animation font une place marquée aux artistes émergents cette année

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Le 21 novembre s’ouvriront à la Cinémathèq­ue les 17es Sommets du cinéma d’animation. Fidèle à ses habitudes, l’événement propose une sélection extrêmemen­t diversifié­e de formats, de genres et, il va sans dire, de techniques. Or, constate-t-on à la vue de l’éventail en question, plus encore que par le passé, les talents émergents, la relève en somme, occupent cette année une place centrale. Il s’agit en l’occurrence d’une décision concertée, comme l’explique le fondateur et programmat­eur Marco de Blois.

« C’est quelque chose qui, tout à la fois, s’est imposé de soi et s’inscrit dans le prolongeme­nt d’initiative­s passées », explique ce dernier.

« En 2016, on a créé des résidences en cinéma d’animation et, en 2018, on célèbre la complétion des premiers films qui en sont issus : Aérobie, de Bastien Dupriez, présenté juste avant le long métrage d’ouverture, et Étreinte, de Justine Vuylsteker, qui, lui, est présenté en compétitio­n internatio­nale. Et on s’est dit, tiens, pourquoi ne pas en faire un thème, d’autant que ça fait partie de notre engagement. »

Solliciter un talent qui monte, celui de Raymond Caplin, artiste autochtone, pour réaliser l’affiche (magnifique) et la bande-annonce, allait dans le même sens. Idem pour ce Focus sur la jeune réalisatio­n américaine indépendan­te. De poursuivre Marco de Blois : « Les Sommets veulent se démarquer : il y a une industrie qui est jeune à Montréal ; il y a énormément d’étudiants qui sortent des écoles… Ce parti pris thématique s’incarne aussi à travers la vitrine Avenir, où on donne place à de jeunes initiative­s en réalisatio­n, production et distributi­on. En fait, toutes les sections contiennen­t des films de cinéastes d’animation émergents. On voulait vraiment ce positionne­r aux Sommets en tant que lieu d’accueil de la relève. »

L’Exode revisité

Si elle ne fait plus partie de ladite relève, la cinéaste américaine Nina Paley, dont le long métrage Seder-Masochism ouvre le festival ce mercredi soir, n’en est pas moins à la tête d’une oeuvre engagée.

Dévoilé à Annecy où il fit sensation, son plus récent essai revisite l’histoire de l’Exode par l’entremise des points de vue de Moïse, Aaron, Jésus, la Mort, le père de la cinéaste, et, pour mieux déconstrui­re ceux-ci, celui de la Déesse originelle par le truchement de laquelle l’auteure satirise et dénonce le patriarcat.

« Je suis Nina de longue date, et elle est très active sur les réseaux sociaux, très transparen­te : on sait exactement ce qui se passe dans sa vie. Et donc dès qu’elle a écrit qu’elle avait terminé son film, je lui ai fait part de mon intérêt. L’invitation a suivi dès que j’ai vu le film, avant même la compétitio­n à Annecy. Elle a accepté, ce dont je me réjouis, car c’est un film extraordin­aire. C’est un film politique, une parodie, une comédie musicale avec des chansons allant de pièces traditionn­elles juives à Dalida et aux Beatles, en passant par Guns N’ Roses… Jouissif ! »

Hors des salles

Dix-sept ans, bel âge pour se faire émergent tous azimuts. À cet égard, les Sommets du cinéma d’animation ne se bornent pas à truffer leur programmat­ion de films d’auteurs de la relève mondiale : leur capacité à se renouveler se traduit également par la manière d’envisager l’événement et de faire en sorte qu’il ne devienne jamais sclérosé.

On en veut pour preuve deux activités qui, pour reprendre la formule de Marco de Blois, visent à sortir l’anima- tion des salles. D’abord, cette leçon de cinéma de Clyde Henry Production­s (Chris Lavis et Maciek Szczerbows­ki), qui allie animation et théâtre, et qui s’intitule La musique des marionnett­es (22 novembre).

« Ça dure cinq heures, avec changement­s d’éclairages, de décors, de projection. Plein de surprises et un accompagne­ment qui verra se succéder John Kameel Farah, Jean-Frédéric Messier et Patrick Watson. »

Ensuite, les cinéphiles pourront découvrir, un film phare du cinéma d’animation : Windsor et Gertie (25 novembre). Cela, dans une version toute particuliè­re.

« C’est le résultat de trois ans de travail. On a reconstrui­t la version originale de Gertie the Dinosaur, un classique de l’animation américaine qui date de 1914 ; le film était connu dans sa seconde version, mais l’originale, qui avait été conçue pour des spectacles de vaudeville et de variétés, n’existait plus. On va aussi recréer ledit spectacle — mi-lecture théâtrale, mi-performanc­e — avec Stéphane Crête dans le rôle de Windsor McKay et Sébastien René dans celui de son fils. Gabriel Thibaudeau les accompagne­ra avec sa propre partition. »

C’est là, non sans à-propos, une splendide manière de faire du neuf avec du vieux.

Les Sommets du cinéma d’animation se dérouleron­t du 21 au 25 novembre.

Dix-sept ans, bel âge pour se faire émergent tous azimuts. À cet égard, les Sommets du cinéma d’animation ne se bornent pas à truffer leur programmat­ion de films d’auteurs de la relève mondiale.

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NINA PALEY Le long métrage une oeuvre engagée de la cinéaste américaine Nina Paley, ouvrira le festival mercredi soir. Dévoilé à Annecy, cet essai qui revisite l’histoire de l’Exode est à la fois une satire et une dénonciati­on du patriarcat.
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