Le Devoir

En grève pour des stages rémunérés

Le ministre de l’Éducation est prêt à discuter, mais les étudiants veulent de l’action

- JESSICA NADEAU

Le ministre de l’Éducation a beau tenter de se faire rassurant en disant être « déjà au travail » dans le dossier de la rémunérati­on des stages, les étudiants en grève n’ont pas l’intention de rentrer en classe et prévoient plutôt une escalade des moyens de pression.

« On est en grève pour une semaine et le ministre a une semaine pour répondre à nos revendicat­ions, sans quoi on va tenir une assemblée générale de grève générale illimitée pour la session d’hiver. On n’arrêtera pas tant qu’on n’a pas de réponses claires », affirme Maria-Alexandra Craciun, étudiante au cégep du Vieux-Montréal et militante pour le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE), qui chapeaute le mouvement de grève.

« Nous ne sommes pas satisfaits de la réponse du ministre et nous n’avons pas l’intention d’arrêter les moyens de pression », renchérit Virginie Robert, de l’Associatio­n facultaire étudiante de science politique et droit de l’UQAM.

Quelque 54 000 étudiants des cé- geps et de différente­s facultés universita­ires au Québec sont en grève depuis lundi pour réclamer la rémunérati­on des stages.

Interpellé sur le sujet en marge d’une visite au Salon du livre de Montréal lundi, le nouveau ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a invité les étudiants à rentrer en classe. « Je les invite à ne pas défoncer des portes ouvertes, nous sommes déjà au travail pour faire un état des lieux et voir dans quelle mesure certains stages peuvent être compensés. »

Il s’est dit « très ouvert » à étudier les différente­s options et dit « comprendre » l’impatience des étudiants, mais il veut d’abord avoir un portrait complet de la situation. « Les travaux se font déjà, ils ne peuvent se faire plus vite qu’en ce moment », a soutenu le ministre, qui espère rencontrer les étudiants « dans les prochains mois pour discuter avec eux des meilleures pratiques ».

Pour les étudiants en grève, cet horizon est encore trop loin, d’autant plus que l’évaluation demandée par le ministre n’est pas nécessaire. « Cette façon de faire sert à différenci­er les stages, alors que nous, on lutte pour la rémunérati­on de tous les stages, affirme Sandrine Boisjoli, étudiante en enseigneme­nt à l’UQAM. Peu importe la durée ou le type de stage que tu effectues, que ce soit une journée, trois mois ou un an, tu mérites un salaire parce que tu effectues du travail pendant ton stage. »

Les étudiants en grève sont persuadés que le mouvement va prendre de l’ampleur et s’attendent à une mobilisati­on importante pour la manifestat­ion de mercredi, à Montréal. Les deux principale­s associatio­ns étudiantes – l’Union étudiante du Québec et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) — n’ont pas rejoint le mouvement de grève, voulant laisser une chance aux discussion­s qui ont cours avec le ministère. Mais les deux instances commencent elles aussi à taper du pied. «Le mouvement étudiant veut des avancées rapides et concrètes sur ce dossier, affirme Fred-William Mireault, président de la FECQ. Si le gouverneme­nt ne saisit pas l’urgence d’agir, nous étudierons toutes nos options. »

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Au cégep du Vieux-Montréal, les étudiants sont en grève cette semaine. La banderole qu’ils ont déployée laisse peu de doute sur leur déterminat­ion, affirmant que ce débrayage est un premier pas « vers la grève générale » à la session d’hiver.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Au cégep du Vieux-Montréal, les étudiants sont en grève cette semaine. La banderole qu’ils ont déployée laisse peu de doute sur leur déterminat­ion, affirmant que ce débrayage est un premier pas « vers la grève générale » à la session d’hiver.

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