Le Devoir

Nétanyahou sauve son gouverneme­nt… pour l’instant

- STEPHEN WEIZMAN À JÉRUSALEM AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre Benjamin Nétanyahou semble avoir sauvé pour le moment le gouverneme­nt le plus à droite de l’histoire d’Israël, même avec une majorité minimale, un ministre clé ayant renoncé lundi à exiger le portefeuil­le de la Défense pour rester.

L’avenir du gouverneme­nt en place depuis 2015 reste très aléatoire, un an avant l’échéance normalemen­t fixée à novembre 2019 pour les législativ­es.

Une majorité parlementa­ire d’une seule voix sur 120 le laisse à la merci des chantages et des défections alors que s’annoncent des débats sur des sujets susceptibl­es de semer la discorde, par exemple une loi concernant le service militaire des ultra-orthodoxes. Sans parler d’événements extérieurs comme ceux qui ont mis à l’épreuve la cohésion gouverneme­ntale.

Le gouverneme­nt est plongé dans la crise depuis qu’Avigdor Lieberman a claqué la porte de la Défense mercredi dernier, au lendemain d’un cessez-lefeu conclu avec les groupes palestinie­ns de la bande de Gaza, une «capitulati­on » pour le ministre ultranatio­naliste.

Le parti nationalis­te religieux Foyer juif conditionn­ait son maintien dans la coalition à l’attributio­n de ce portefeuil­le très convoité. Depuis lors, les commentate­urs ne donnaient plus cher du gouverneme­nt.

Mais lundi, le chef du Foyer juif et ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, a opéré une spectacula­ire marche arrière.

Devant une foule de journalist­es, il a durement critiqué l’action du gouverneme­nt au cours de la décennie écoulée (dont neuf années de pouvoir de M. Nétanyahou).

Il a fustigé une force de dissuasion érodée et décrit des ennemis comme le Hamas palestinie­n et le Hezbollah libanais « chaque jour plus arrogants parce qu’ils croient que nous avons peur de les affronter ». Il a brocardé un gouverneme­nt « pris de panique » devant les pressions européenne­s quand il s’agit de démolir le village bédouin de Khan al-Ahmar en Cisjordani­e occupée.

Pour autant, il a entendu le premier ministre promettre la veille dans une interventi­on télévisée « qu’il changerait de cap », a-t-il dit. Si le premier ministre est sérieux, « nous mettons de côté toutes nos exigences politiques pour le moment ». M. Nétanyahou a lui réaffirmé devant une commission parlementa­ire qu’il serait « irresponsa­ble » de provoquer la chute du gouverneme­nt.

M. Nétanyahou a refusé de nommer M. Bennett à la Défense, et d’offrir un marchepied potentiel à un homme qui ne dissimule pas ses ambitions et auquel il voue une aversion notoire. Il a décidé d’exercer au moins pour le moment ces fonctions, en plus de celles de premier ministre, de ministre des Affaires étrangères et de ministre de la Santé.

L’avenir du gouverneme­nt en place depuis 2015 reste très aléatoire, un an avant l’échéance normalemen­t fixée à novembre 2019 pour les législativ­es

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